Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

dimanche

Le Clézio ou Tartempion


Tout le monde sait qui est J.-M.G. Le Clézio. Plutôt que de vous parler des lectures qui m'ont marqué, je vais évoquer deux anecdotes sur l'homme. D'aucuns me diront : on s'en fiche de l'homme, seul compte l'auteur. Certes.
Voici quelques années de cela, j'assistais à la première d'une pièce adaptée de Pawana, de Le Clézio. A l'issue de la représentation, les spectateurs privilégiés traînaillaient dans le dédale de l'Espace Cardin, trinquant avec Machin, papotant avec Bidule en gardant un œil avide sur Truc, la vedette de télévision, ou sursautant quand les flashes crépitaient pour Chose, l'égérie de Tartempion.
Le cœur et l'esprit plus chamboulés par les mots de Le Clézio que par le champagne servi à flots, je me fraie un chemin pour saluer ce grand monsieur (par la taille et le talent). Simplement lui serrer la main. Lui broyer la dextre, comme dit parfois Obaldia.
Dans les salons de l'Espace Cardin, c'est à qui pourra s'incruster au dîner royal, s'asseoir à la table de Pierre Cardin ou de Tartempion. Pour m'amuser, j'irai d'ailleurs faire tinter ma flûte avec celle de Truc.
A la surprise générale, J.-M.G. Le Clézio accepte un verre de jus de fruits et décline l'invitation à dîner. Il part sur la pointe des pieds. Les mondanités, ça n'est pas pour lui.

Deuxième anecdote :

Un jour, mon amie Hélène me raconte... c'était chez Mollat, la librairie bordelaise. J.-M.G. Le Clézio y signait un de ses ouvrages. Il y avait foule. A l'issue de la rencontre, d'innombrables lecteurs et journalistes souhaitent approcher l'écrivain. Mais il est occupé à bavarder avec une enfant. Autour de Le Clézio et de cette enfant, plus rien n'existe. Ils sont en grande conversation. Perplexe, un journaliste les prend en photo. Hélène roule des yeux comme des soucoupes. Cette enfant, c'est sa fille Anna. La suite de l'histoire : une correspondance au long cours entre l'enfant devenue jeune femme et l'auteur nobélisé. Anna couve secrètement son courrier et ne s'en est jamais ouverte à personne. Seule sa mère, fière comme une papesse, narre l'anecdote à un ami de-ci, de-là.



P.S. Merci à Petitbonbon qui m'a donné envie d'écrire ce billet. Sa rencontre avec l’écrivain avait, dit-elle, bouleversé sa vie. Suis par ailleurs très touché par les mots de Saint-Loup que je connais par un beau hasard cybernétique, par l’entremise de la biographie Diego & Frida de J.-M.G. Le Clézio, dont je vous conseille vivement la lecture.

P.P.S. L'amour de la Terre et de ses peuples chevillé au corps, Le Clézio alerte l'opinion dans les colonnes du Monde : « Un projet de GDF-Suez met en danger les dernières tribus isolées d'Amazonie, par Jean-Marie G. Le Clézio et Jean-Patrick Razon ». C'est à lire ici !

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11 commentaires:

  1. Merci Laurent pour ce souvenir si agréable! Frida, Le Clézio et toi ont été, j'oserai dire, mon début sur la blogosphère.
    Bises

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  2. Le Clezio est un auteur que j'affectionne. Lullaby m'avait marqué enfant, un monde à part.

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  3. C'est dingue, je n'ai jamais accroché avec Le Clézio... Peut-être parce qu'on m'avait obligée à le lire...
    Aller, je vais retenter sur tes bons conseils. Par quoi je commence ?

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  4. St Loup : Au plaisir de partager de nouveau avec toi un thé, un café, un déjeuner, une passionnante discussion en particulier sur tes recherches littéraires, sur la vie en général. | Océane : Avec tous ces point communs qui nous lient, il ne nous reste plus qu'à franchir la frontière du virtuel. | Béalapoizon : Alors alors, réfléchissons... le choix est vaste! Essaie Le Chercheur d'Or. Sinon, petit conseil : rends-toi dans ta bibliothèque préférée, feuillette au hasard des pages quelques ouvrages de Le Clézio. Tu ne sais sur quel trésor tu pourrais tomber. Accorde-toi, accorde-lui un moment. Et sa bio sur Frida Kahlo & Diego Rivera est géniale (que l'on connaisse ou pas ces artistes!) Diego et Frida est une belle façon de les découvrir.

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  5. Bon je vais m'y mettre, j'y suis jamais arrivé, c'est peut-être son style(je dis pas qu'il en pas) ou alors c'est trop haut de gamme pour moi, enfin je me dis, vu que j'aime les biographies, je vais réessayer. Note que je l'avais abordé dans ses romans du début(nouveau roman, c'était pas coton pour moi). Bon vais commander ça... Bises

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  6. JMLC, je n'ai jamais pu en lire plus de 10 lignes... désolée... Je ne PEUX pas. Je reprends régulièrement... et j'abandonne. Je suis une Le Clézio-abandonneuse.

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  7. On peut commencer par Onitsha :
    "Ce livre est pareil à l'Afrique. S'il s'en dégage malgré la violence un tel sentiment de sérénité, c'est que, chez Le Clézio, même la fièvre, même la révolte, même la défaite sont des couleurs de la paix".

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  8. J'avais lu "Désert" et puis je l'ai relu et relu...Il participe à mes fondations JMG le Clézio ;)

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  9. Pixelpek : J'espère que ça te plaira ; douce lecture à toi | doudette : Va, je ne vais pas te forcer. Je ne compte pas le nombre d'auteurs que je n'ai jamais pu aborder, quand bien même (et surtout quand) on les couvre de lauriers. J'ai l'esprit de contradiction? Ah bon? | Deef : Le Clézio a une plume qui m'apaise. Loin du tape-à-l'œil, de l'efficace, de nos auteurs têtes de gondole. | Tifenn : Oui! Le Désert, magnifique Désert

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  10. impossible hier de laisser un commentaire ....
    il est superbe ton article !
    beaucoup de plaisir à te lire toujours !
    sophie (des grigris)

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  11. Sophie : Tu es pugnace, c'est bien! Blogspot fait ou empêche des choses qui souvent m'échappent. Merci pour ton gentil commentaire (et encourageant, moi qui n'ai plus le temps de bloguer); un billet léger pour demain ... même un billet léger me prend du temps : je tourne systématiquement 7 fois ma souris dans mon blogger avant de publier. Bises.

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