Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

bonjour veau, vache, cochon, couvée... au château


Un jour de fin d’été, j’arrive au Château qui m’a occupé durant sept mois, prêt à délivrer des clés de chambres, luxe, standard, junior suite, à jouer au standardiste, au bagagiste. Une surprise m’attendait. Ma collègue frêle élégante et roulant de jolis r hongrois me dit :

- Puisque tu es bien rrreposé, mieux que nous (elle désigne l’autre réceptionniste), tu vas donc prrrendrrre parrrt au tourrrnage.
- Un tournage ? Quel tournage ?

Explications. Préparatifs.

Cela m’amuse de participer à une émission dont je méprise tant le principe que le succès. Le Bonheur est dans le pré, dans sa version nordique, filme un épisode entre les murs d’un château du Périgord. Il s’agit en fait de la "finale" qui sera diffusée à Noël. Et verra les tourtereaux convoler en justes noces. Ou pas. Lui, quasiment 2 mètres, blond, maigre comme un clou, il élève des cochons. Elle, aussi blonde que mutine, elle aimerait que son promis, peut-être l’éleveur de cochons, s’occupe de ses chevaux à elle. Le scénario est légèrement téléphoné : ils s’avancent à la réception. La caméra filmera tour à tour l’homme, la femme, l’employé. Moteur !

- Bonjour blablabla… Souhaitez-vous une chambre simple ou une chambre double ?
- … (regard langoureux de l’homme sur sa douce)
- … (battements de cils de la douce)
- Etc.

Et je les conduis. Elle, lui, la caméra et les gens attachés à la caméra. Jusqu’à la chambre ou les chambres des amoureux. Ont-ils choisi d’être sages ? Ou bien…

Au Château, nous avons effectivement de nombreuses chambres à disposition de l’équipe. Le caméraman, l’ingénieur du son, la réalisatrice, les "fermiers" qui visitent la France pour la première fois. Il était techniquement possible de loger séparément l’éleveur de cochon et l’écuyère. Dans deux chambres single. Mais les lois de l’amour et de la télévision sont rarement raisonnables.

Si j’étais malhonnête (sic), je ferais traduire ce gentil billet en suédois, le publierais sur un blog scandinave, demanderais une coquette somme en échange de mon silence. Le suspense d’une émission suivie par des millions de téléspectateurs émoustillés en dépend.

Que faire ?

J’en ai probablement trop dit. Un(e) internaute indélicat(e) (huhu) aura tôt fait de google-iser cochons, émission, blond, fermiers, Suède, pour faire chanter à ma place la société de production X et empocher la caution ou… les ennuis judiciaires. Moi ? Je n’ai rien écrit, rien dit, rien vu, rien entendu.

Des cochons ? où ça ?


Mise à jour du 25/12/2010 : Fini le suspense. L'émission s'appelle "Bonde söker fru" et vous pouvez pratiquer votre suédois en cliquant ici. Et deux petites captures d'écran de Amanda, Johan et votre serviteur encravaté.

Cliquez sur les images pour les agrandir et admirer la tapisserie à fleurs !

 

8 commentaires:

  1. Ebé mon cochon!
    (et oui, fallait la faire, je suis de permanence)
    Non mais sérieusement, c'est pas trop dangereux de faire ce que tu as fait, M. E-blogs?

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  2. C pas bien de dévoiler des secrets zinternationaux, regarde ce qui est arrivé à ce pauvre Julien ^

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  3. on dirait un scenar pour un porno...

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  4. Zette : Même pas peur. Et pour tout te dire, je n'ai signé aucune clause de confidentialité. Ni cession de droits à l'image. | deef : Je partagerai la cellule de Julian, tu crois ? Pas trop mon type de mecs, mais faute de grives... | kielut : Et je n'ai pas donné les détails croustillants !

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  5. Je crois que les spectateurs savent très bien que toute émission de télé-réalité est scénarisée, presque à l'extrême. N'attendons donc pas de gros scandale - juste un petit émoi passager, au mieux.

    A priori pas de prison donc... Peut-être cinq minutes de célébrités (sauf si le film est diffusé sur une chaîne de porno suédoise !)

    http://davidikus.blogspot.com/
    http://www.davidranc.com

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  6. @ Laurent : Je crois que tu n'es pas non plus son type de mec, au Julian ;-)
    Tu ne pers pas grand chose, il fait dans le bareback, paraît-il. Mais faut-il croire tout ce qu'on qu'on wikileaks dans les journaux ?

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  7. Davidikus : Bah, je n'avais pas la prétention de causer cet émoi. Juste m'amuser avec l'expérience. Au plaisir de ta visite. | Eric : A ce stade-là du "renseignement" et des médias, il faut s'attendre à ce qu'on invente n'importe quoi sur n'importe qui.

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  8. Je confirme que tu dois être un repasseur émérite, la chemise est im-pec-cable

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