Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

samedi

Pas de théâtre pour les pauvres !



Un spectacle à voir de toute urgence. Mais il faudra casser votre tirelire.
(Cliquez ici pour savoir de quoi qu'on cause parce que le billet qui suit évoque plus l'économique que la chose artistique)

Certains théâtres parisiens se lamentent parce qu’ils peinent à remplir leurs salles. Qu’ils songent donc à mettre en pratique des pratiques tarifaires plus justes. Et de manière ambitieuse, et pas 10 malheureux strapontins tous les 36 du mois ! Quand je vois que le spectacle du génialissime James Thierrée, au Théâtre Marigny, est à 50€… je trouve ça juste indécent. (Les billets pour les 18 dates (= 18 000 places) vont se vendre en un rien de temps, j'en mets ma main à couper). Enfonce-je des portes ouvertes en signalant que le théâtre n’est pas indiqué pour les pauvres ? Les gens modestes n’ont qu’à se satisfaire des places les moins chères (à 30€ quand même). Ok, un théâtre privé, ça coûte très cher à entretenir (loyer, communication, salaires, électricité et tenues aussi élégantes qu’inutiles... [mais l'inutile est aussi indispensable qu'artistique]). Je lisais récemment une interview de Pierre Arditi qui n’a cure des querelles de chapelles entre théâtre privé et théâtre public. Son idée – et je m’étonne qu’elle n’ait été reprise – consistait à réserver un contingent de places à très bas prix dans tous les théâtres privés parisiens. Et pas des places "aveugles", derrière un poteau, ou au fin fond de la salle. Les pauvres ont le droit de rêver depuis leur fauteuil d’orchestre. Tout le travail de démocratisation du théâtre admirablement, courageusement, conduit par Jean Vilar et ses disciples est à refaire ! Prenons un couple tirant le diable par la queue mais souhaitant s’offrir un voyage dans l’imaginaire et la magie de James Thierrée, ce couple servant à ma sommaire démonstration devra s’alléger de 650 balles. Bah oui, il nourrit la légitime envie d'avoir de belles places, de se mêler aux bourgeois, à l'élite-qui-ne-paie-pas-sa-place-même-si-elle-en-a-les moyens. A ce prix-là, notre couple féru de théâtre a intérêt à se remplir préalablement la panse à la maison puis à entrechoquer ses flasques à whisky dissimulées dans le sac à main de madame, le baisenville de monsieur, la poche de pantalon, le bas, la chaussette, le talon compensé, la culotte ou le chignon banane.

17 commentaires:

  1. Le spectacle a eu un Molière en 2006, il a déjà tourné dans le public, forcément un peu moins cher.
    Arditi a raison, bien sûr. Il faudrait un petit guichet comme à la comédie française ...ou à l'opéra.

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  2. Bonjour,
    je suis entièrement d'accord avec vous sur le prix très élevé des places dans les théâtres privés, il y a quelques jours, nous sommes allés au théâtre des variétés et avons eu la surprise de constater que les ouvreuses étaient payées au pourboire, j'ai refusé de donner (54€ la place )et je me suis fait engueuler , limite si elle m'autorisait à m'asseoir .
    je bosse pour le theatre public, et j'ai été stupefait de l'ambiance, de la sécurité, dans certains lieux, il est interdit de rentrer avec une bouteille d'eau (en plastique).

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  3. Le dépoussiérage des théâtres n'est pas prêt d'être fait!
    Et dire que c'est populaire...

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  4. marsupilamima le dit, certains (peu de) "beaux spectacles" passent du public au subventionné et/ou l'inverse. Il faut pouvoir en profiter. C'est en particulier le cas pour ceux de James Thiérée, également ceux de ses parents que j'ai tous vu jusqu'ici au Rond-Point.

    L'exemple que donne Jean-Michel Ribes avec son partenariat du Rond-Point et de Marigny (justement) est remarquable. Il faut espérer qu'il sera suivi par beaucoup d'autres directeurs du secteur subventionné. Cela lui permet de mettre à l'affiche des spectacles coûteux qui ont déjà été rentabilisés grâce au public "riche".

    Evidemment tu as raison : l'injustice sociale est criante et il y a bien un théâtre à deux vitesses. Mais quand certains comme J.M. Ribes font des efforts pour aménager le système dans le bon sens, il faut le souligner, le faire savoir et le suivre.

    Que ceux qui ont des sous (souvent les entreprises du CAC 40 qui achètent des places qu'ils offrent à leurs gros clients, c'est du marketing) contribuent comme ça à la création artistique, finalement, ça me paraît moins choquant.

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  5. Je suis un témoin direct pour ce réquisitoire: je ne vais plus voir les pièces re-connues dans les théâtres de grand re-nom mais des petits spectacles à la cartoucherie ou au café de la gare par exemple, qui restent accessibles.Moi je suis ok pour signer la pétition s' il y en a une.

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  6. mais pourquoi le théatre serait fait pour les pauvres alors que RIEN n'est fait pour eux!!
    On pourrait nous dire qu'ils ont élu le plus grand mauvais commédien de tous les temps, et que ça devrait leur suffire!!:((

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  7. A qui le dis-tu! c'est bien pour ça que je ne vais quasi jamais dans les théâtres privés, ce n'est pas l'envie qui m'en manque...

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  8. Profitons-en quand même, bientôt avec Marine, il n'y aura plus de théâtre subventionné, ni même de théâtre tout court — sauf peut-être les textes de Mauras ou de Dieudonné *_°

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  9. marsupilamima  : Je lis sur le site du Marigny : "« Au revoir parapluie » a reçu le Molière du spectacle en région en 2007". C'est drôle comme ses parents affectionnent eux aussi les parapluies. 
    Fidel Castor : Je ne connais pas bien les modalités d'embauche et de rémunération des ouvreuses mais je trouve cela très gonflé de la part de ces théâtres de communiquer sur "nos ouvreuses ne sont rémunérées qu'au pourboire"... Je vais faire ma petite enquête. 
    Zette : Il y a heureusement foultitude de gens qui travaillent à la démocratisation mais hélas c'est une minorité visible qui se soucie plus de rentabilité et/ou de bénéfices que de tarification intelligente. Une politique petit pied et courte vue.
    tilly : Tu considères le verre à moitié plein, et moi, je m'indigne de ces tarifs extravagants qui excluent d'emblée les 3/4 des Français. Tiens... On me susurre dans l'oreillette que ce sont de fieffés filous à la direction du Marigny. Non ! C'est pas possible ! il ne peut pas y avoir d'escroc dans le théâtre, ma bonne dame.
    orfeenix : Le public devrait pouvoir grapiller indifféremment, de petit théâtres en valeureuses institutions. L'abonnement est la solution trouvée pour pallier au désamour du public. Ce désamour est encore d'actualité. A mon sens, le théâtre fait figure de miracle par les temps qui courent.
    nigloo : Je ne vois pas du tout à qui tu fais allusion. A ce propos, y a un très bon papier dans Rue89 sur Feydeau, Labiche et notre aimable président.
    Carole Nipette : Moi aussi mais je suis un indécrottable naïf, j'aimerais que l'on puisse aller au théâtre, dans tous les théâtres !
    deef : Elle nous proposera des "Puy du Fou" en veux-tu en voilà. Je n'évoquais pas tant le théâtre subventionné que l'incurie comptable de ces lieux qui proposent des tarifs exorbitants puis viennent pleurer des larmes de crocodile quand leur théâtre est vide. 

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  10. Non mais c'est bien connu, les pauvres de toute manière ne vont pas au théâtre. Donc ils n'ont pas besoin de tarifs préférentiels, CQFD ;-)

    Je plaisante à peine : on sait que les politiques tarifaires profitent surtout à ceux qui consomment déjà de la culture. L'idée de Arditi est louable, mais dans le contexte actuel plutôt vaine, au regard de l'échec de la "démocratisation culturelle".

    Je ne parle pas du "couple tirant le diable par la queue" mais super motivé pour s'offrir "un voyage dans l'imaginaire, etc.". Je parle de la masse des "pauvres" : ceux qui n'ont pas les moyens certes, mais aussi ceux dont le capital culturel justement ne les conduit pas dans les salles de spectacles.
    A ceux-ci, qu'offre-t-on aujourd'hui pour leur DONNER ENVIE de mettre des sous dans une place de théâtre ? En revanche, "on" consacre beaucoup d'argent pour leur donner une envie irrésistible d'acheter le dernier écran plasma !

    Construire un peuple apte à puiser dans la culture de quoi devenir libre et éclairé est bien plus dangereux que de formater les masses à rendre leur cerveau disponible pour recevoir les messages publicitaires et se contenter d'être de dociles consommateurs.

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  11. à rennes,je m'offre des spectacles de grande qualité au TNB avec un abonnement , la place me revient à 14 euros, à raison de 6 places par ans
    c'est un peu cher, mais c'est ma seule grosse fantaisie :)

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  12. Sommes-nous les tristes acteurs d'une pièce qui n'intéresserait, ne prêcherait que les convaincus ?

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  13. La plupart du temps oui. C’est là que le combat est à mener et pas par démagogie, mais en amenant le théâtre là où personne ne l’attend, là où il n’a pas sa place. Là où quelquefois il est gratuit. Je suis persuadée qu’il reste des espaces à conquérir et à découvrir pour nous comme pour des gens qui ne s’imaginent même pas spectateurs. Sinon mon Laurent, j’aurais arrêté ce métier depuis bien longtemps…

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  14. Fiers du service public : Vous touchez là le nœud du problème. J'aimerais tant vous contredire. Faut-il baisser les bras parce qu'on a coupé les vivres à d'ambitieuses politiques culturelles ou parce qu'elles se chiffrent en abstractions et non en millions ? Le peuple dont vous parlez n'a-t-il véritablement aucune responsabilité dans la chose délitée ? Ne peut-il, ne doit-il pas exiger les outils artistiques et culturels qu'on lui ôte ? Agir envers et contre tout. Continuer de se battre contre des moulins à vent dans l'espoir qu'un de ces moulins n'abdique un jour…
    Aurélie : Je reconnais bien là ton indéfectible enthousiasme. Oui, c’est un combat de chaque instant. Et je l’avoue, je m’attaque à une forteresse peu soucieuse de nos espoirs de grand soir, un joujou que se disputent Pierre Lescure et Jean-Manuel Bajen, l’actuel propriétaire du Théâtre des Variétés, sous l’arbitrage de la Ville de Paris. (lire l’article)
    tarmine : Il se passe souvent de belles et grandes choses au TNB.

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  15. Les pauvres, les riches ... discours démago !
    T'avais qu'a choisir la bonne filière plutôt que vouloir vivre aux crochets de la société ...

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  16. Anonyme : Tiens, revoilà mon cher et tendre boulet, mon troll préféré. Tu ne connais peut-être pas le second degré ? Ah là là, c'est facile de commenter derrière un masque anonyme, hein ? Moi vivre au crochet de la société ? Tu m'as mal vu cher anonyme dont l'adresse IP n'a pas changé : mon75-18-88-179-55-110.fbx.proxad.net (oui c'est toi, je te donne ton adresse IP au cas où on te la demanderait, un jour). Je m'étonne même que tu l'aies oubliée. Et tant que j'y suis, je t'invite cordialement à lire la lettre ouverte de Doudette : clique ici ! Elle t'est également adressée. Tu pourrais même y apprendre deux ou trois choses sur toi. Non, non, ne me remercie pas.

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  17. J'ai eu la chance d'aller voir le fil à la patte de Feydeau ... grâce en grande partie à la prise en charge à 50% de mon CE.
    Mais pour cette pièce à vrai dire, cette fois ça sera bniet. Et je le regrette !

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