Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

la salive de la postière sur un timbre à la fraise



Qu’est-il arrivé (ou pas) pour que je trouve suspect le sourire le plus désarmant et naturel qu’il m’ait été donné de croiser depuis quelques lunes. Non non, je n’ai pas viré mystique. Ce n’est pas la première fois que je rends visite à la poste de la rue Daguerre. Certes, elle ressemble à toutes ces nouvelles officines d’un service public qu’on dit moribond parce que notamment "rationalisé". La première fois, c’était pour un renseignement. Je ne m’étais pas avancé au guichet indiqué qu’une âme charitable m’avait attiré à sa guérite de conseillère financière. Je n’avais pas besoin de son conseil financier or elle m’a renseigné et adressé un aimable : « vous allez vous plaire dans ce quartier. » Je n’en revenais pas et j’y suis revenu.

Sans transition. Et saut de ligne.

Qu’est-il arrivé (ou pas) pour qu’une main invisible glisse dans ma boîte à lettres un hebdomadaire auquel je ne m'étais pas abonné ? Je cherchais l’étiquette me signalant le réel destinataire et j’aurais glissé à mon tour ledit magazine dans la bonne boîte. Que nenni. Je bénéficiais du portage à domicile par l’opération du Saint-Esprit. Et là vous vous inquiétez à nouveau. A juste titre. L’anticlérical sommaire que vous aviez deviné en moi ne peut inévitablement causer saint-esprit (revenons aux minuscules, voulez-vous) sans le gratiner d’ironie dégoulinante.

Bref.

Le brin de jugeote qu’il me reste m’a vite ramené sur terre : on cherche à me dépouiller du montant d’un abonnement en me graissant honteusement la patte. Où c’que j’en étais, hein ?

Aux sourires des préposés de la poste de la rue Daguerre. Ce matin donc, presque en bras de chemise, j’emporte un colis aux bons soins de ma postière ou guichetière ou préposée ou c’que-vous-voudrez. La même dame d’il y a deux mois m’invite au guichet de sa tendre collègue, m’informant au passage que mes minuscules timbres verts avaient pris de la valeur. A raison de 5 centimes gagnés par timbre, je m’enrichissais subitement de 15 centimes. Mazette ! L’inflation a du bon. Si tous nos bas de laines étaient remplis de timbres exempts de tarifs, nous guetterions les augmentations annuelles pour nous rouler dans nos baignoires emplies d’or. Mais je m’égare Edgar. [Lisez « La voie » d’Edgar Morin.] Non seulement j’apprends que je suis riche de 15 centimes mais qu’il existe des timbres à la fraise. Oui oui, me dit la conseillère financière, même qu’ils sentent la fraise. Dingue ! Je m’empresse d’acheter deux timbres fraises gariguettes. Deux « fraises Rubis » dessinées par Alfred Riocreux (1820-1912), imprimées recto verso, gaufrées et parfumées à la fraise. La tendre collègue les enduit de sa postale salive et, l’œil pétillant, me gratifie d’un « bonne journée » et d’un authentique et chaleureux sourire. Que j'accuse et recommande.

 



Post scriptum : Le timbre collector est tiré à 80 000 exemplaires et imprimé avec des encres végétales sur du papier recyclé. (Source : Sud-Ouest). Ainsi pour répondre à Joss (cf. commentaires), le timbre n'est pas AOC mais écolo. Paraît-il, car je n'ai pas fourré mon nez dans les usines de fabrication. Mais 1 emballage plastique scellé pour chaque timbre, j'ai vu mieux en matière écologique. Mais je dis ça pour critiquer bêtement.

 

17 commentaires:

  1. Tu en as de la chance !
    Tu m'envoies une lettre à la fraise ?

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  2. hihiihiii
    la couleur de la fraise,
    sa fraicheur,
    son odeur,
    sans les calories.....

    mais bon,
    a combien le kilo ????
    j'ai bien ri...

    mais je préfére, les vraies,
    de vrai..
    hummmmmm..........
    belle journée....
    bzz claire...

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  3. Mais comment être sûr qu'il s'agit bien de timbres fabriqués avec des vraies gariguettes et pas des fraises d'Espagne ? Ils sont AOC tes timbres ?

    Ah tu fais moins la malin là !

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  4. J' aime bien quand tu ramènes ta fraise! C' est un peu facile, j' avoue...

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  5. Ca me ferait mal aux seins de gaspiller les 15 centimes gagnés pour l'achat de deux timbres à 2 euro fussent-ils parfumés à la fraise.
    Oui bon je suis grognon, je vais sucer une glace au chocolat! Na!

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  6. Ils sont très beaux ces timbres je trouve en plus !
    Mais bon, j'ai du mal avec l'arôme chimique de la fraise, rien de mieux que de vraies fraises ! Mais je reconnais que ce serait délicat de les coller sur des timbres...

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  7. MHF : Je suis sûr que la petite poste de ton village vend ses barquettes de timbres. Oui.
    la fourmi : C’est effectivement très très très cher du kilo. Où sont les vraies fraises, aujourd’hui, hein ?
    joss : M’est avis qu’aucune gariguette n’a vu la queue d’un fabricant philatéliste.
    orfeenix : A trop manger de fraises on risque la fraiseuse du dentiste. (Mouais, celle-ci était tirée par les poils de fraises.)

    PascalR : Le colis envoyé nécessitait un affranchissement de 4€ donc j’ai préféré les jolis timbres aux vignettes moches.
    Joufflette : Tu pourrais coller une vraie fraise sur l’enveloppe.

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  8. C'est cette semaine cette histoire de timbre ou bien elle date de 2 mois ?
    Parce que j'en veux... ;o)

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  9. Quelle aventure !!!
    Joli le timbre à la fraise, pour un peu j'aurais envie de courir à la poste en acheter un. Mais bon j'en viens, de la poste, à Neuilly (non c'est pas là que j'habite, pas les moyens...) Et je me suis contentée de la machine qui pèse et crache les timbres au bon tarif contre ma CB.
    Quand au service de la poste, hum...
    J'aurais bien des choses à dire sur le sujet, mais je ne saurais pas le faire avec ton humour et ton talent alors je me tais (quoique une petite idée d'article pour les jours où je ne sais pas quoi raconter...)
    Bon week-end Laurent !

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  10. Minijupe : Il doit en rester dans la poste au coin de chez toi. A demain.
    Lali : Comme me disait une certaine Polluxe hier, ça dans ton quartier de bobos, ils peuvent sourire, c’est agréable d’y vivre etc. Bon week-end à toi aussi.

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  11. Hmmm coller une vraie fraise sur l'enveloppe ? Ça va pas faire de la bouillie durant le transport après ?

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  12. des fraises...tiens, je crois bien que j'ai ramené la mienne cette semaine sur mon blog...
    bien contente, ravie et tout et tout d'avoir passé une partie d'après midi en ta compagnie,
    je t'ai mis sur mes liens, tant pis pour toi
    à bientôt

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  13. Quand Boutfil recommande, je vais voir les yeux fermés...
    et là je les ai grand ouverts et j'ai découvert un très joli texte ! Joliment tourné. Ca me plait :!

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  14. Joufflette : A priori, y a plus de place pour une fraise que pour un concombre. 
    Boutfil : Oui j'ai lu ta fraise. Merci pour lien. Et bienvenue chez moi.
    Chriss : Merci. J'espère que tu te plairas par ici. Je te fais un café, un thé, un petit apéro de derrière les fagots ?

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  15. Et les timbres "à la tendresse", ça rapporte peut-être plus de cinq centimes ???^^

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  16. Enfin un blog qui a le sens de l'accueil !!!
    Vu l'heure et la tarte aux fraises qui m'attend, va pour un café !
    Merci beaucoup et bon après midi à toi
    Chriss sur son îlet

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  17. Je suis enchantée de ce timbre envoyé par toi à moi. Il faut avouer que c'est beau <3

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