get Hapi (tu as la réf* ?) |
Sevrage jour 1. Je prends en photo mon Hapi 11, téléphone de dépannage
en attendant la réparation de mon smartphone. Je réapprends l'enfer du
langage T9** pour les SMS 😱 Je n'ai pas de vieux smartphone qui fasse l'affaire. Troquer mon addiction habitude contre l'usage (temporaire) de ce bidule m'amuse. Pour le moment. Et surtout parce que j'ai des alternatives (tablette + ordinateur).
Demain, pas de partage de connexion possible pour la tablette, ni wifi au boulot (si si, je vous assure). Je télécharge Society + Causette + 6 épisodes de Ted Lasso. Comme si j'allais m'ennuyer 🤣
J'ai testé Opéra mini, le navigateur. La "souris" se déplace à coup de clics (pressions, plutôt ?) sur haut/bas et droite/gauche, c'est drôle. Mais c'est drôle cinq minutes, en fait.
La touche retour fait un grincement de porte qu'il faudrait graisser.
Jour 2. Au lieu d'envoyer mon traditionnel "bonjour. café." sur les réseaux, je l'envoie aux 3 personnes que je viens d'ajouter dans ma carte SIM, mon mec, ma sœur et l'amie Élodie. 10:05 mon mec répond avec 2 petits carrés : je suppose que ce sont des émojis : emoji clin d’œil avec un bisou, ou 2 émojis caca-qui-rigole. Le Hapi ne comprend que les émoticônes à l'ancienne :-) tout simples ^^ ou des combinaisons plus loufoques :
@}->->--- (une rose ; il faut se démancher le cou sur la gauche et imaginer la tige, les épines, la fleur)
@(°O°)@ (un koala)
Pour les technophiles qui se demandent : "t'as pas le wifi au boulot ? et ta tablette ?" Du tout ! Pas de partage de connexion possible. Pas de wifi, site sensible, je ne vais pas m'amuser à naviguer sur les réseaux sociaux ou mon blog sur les outils de mon employeur. Je respecte les bonnes pratiques web et sécurité. 12:49 Élodie, fan de géométrie, m'envoie elle aussi deux jolis petits carrés. Décidément...
Jour 3. Je lis dans le n°144 de Causette que les Français·es passent en moyenne 3.6 heures par jour sur leur smartphone. Bientôt, écrit Fiona Schmidt, pour décoller les yeux de l'écran, il faudra un cric. Pour ma part, il a fallu que je le confie à une boutique de dépannage. Dans le tram, je lève les yeux sur mes congénères plus que d'ordinaire et je laisse se dérouler le fil de mes pensées sans que le téléphone ne me happe à la moindre occasion (une idée à noter, une question à une réponse (qui jouait le rôle de Alice Chambers dans le navet qui m'a chipé 123 minutes de ma vie ; combien mesure l'acteur suédois Alexander Skarsgård*** ?), une photo à faire et partager et j'en passe des prétextes et de sottes notifications).
Jour 4. Entre deux appels ou sollicitations de mon collègue, je lis la presse en ligne. Et m'interroge sur un réflexe, l'envie (immédiate) de partager sur les réseaux un article ou une info percutante ou farfelue, le réflexe facilité par l'accès aux réseaux, aux captures d'écran, aux copiés-collés. Réflexe et immédiateté. Ça fonctionne à peu près pareil pour un achat compulsif : une envie, la boutique à proximité ou en ligne, l'achat immédiat, l'assouvissement d'une pulsion. À ceci près que la comparaison s'arrête là : un achat n'est pas forcément utile, surtout s'il est compulsif. Comme je n'ai accès à mes "jouets" en mode débridé qu'en fin de journée, la capture que j'ai faite le matin finit dans la corbeille, à quoi bon, me dis-je. Le tweet reste avorté. À quoi bon, encore. La journée a domestiqué la pulsion. Le temps a fait son affaire. La raison a tranché : le tweet, l'info partagée, l'incroyable découverte, n'importent plus. C'est donc qu'elles n'importaient pas. Les gens de l'autre côté de l'écran, me dis-je, ont accès aux mêmes infos, aux mêmes outils. La même curiosité les anime probablement.
J5. Je reçois un SMS de la boutique en charge de la réparation de mon appareil. Est-ce que je valide le devis ? ... roulement de tambours ... NON. J'ai eu le temps de me renseigner : le coût de la réparation équivaut à l'achat du même appareil neuf. Je vais récupérer l'appareil orphelin depuis lundi et en acheter un autre. Tout. Ça. Pour. Ça.
10:11 Je comprends finalement qu'Élodie n'est pas spécialement férue de géométrie. Les deux petits carrés qu'elle m'a envoyés ce matin sont deux emojis qui sourient et suent à grosses gouttes. Je la crois sur parole et vous souhaite un doux week-end. 😎
P.S. Ce modeste billet
évoque de manière superficielle et imparfaite un sujet
complexe, le numérique, ses excès, ses victimes
collatérales, ses abeilles ouvrières (nous). Tout cela et
bien davantage est compilé dans l'ouvrage Humanité et
numérique : les liaisons dangereuses. La santé de
l'homme et l'écosystème en péril, sous la direction
de Servane Mouton, éd. Apogée "les Panseurs sociaux"
336pp, 25€ - papier dans le Libé du jour 👉 l'article.
** Avec la saisie T9 6MNO 2ABC 6MNO 6MNO donne maman :)
*** L'acteur de True Blood, Tarzan ou la formidable série Big Little Lies, mesure 1,94m. Mon mec optait pour 2.16m, il n'est pas marseillais pour rien 😂
rip le smartphone, glouraaaaaare au nouveau.
RépondreSupprimerje n'ai pas pris le dernier cri mais la gamme juste au-dessus
SupprimerImpeccable !
RépondreSupprimer(C’est Elo… Google refuse que je m’identifie 😅. Emoji qui sue)
Prépare-toi à suer dans 3 semaines (emoji lunettes de soleil qui se la pète à Marseille)
SupprimerJe lis un livre dans le métro, un autre temps...
RépondreSupprimerL'activité se fait rare mais je vois parfois des gens comme toi 😉👋 La bise de Marseille
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