Pages

lundi

Sapée comme jamais


Alors que j'entame depuis hier la lente agonie vers mes cinquante ans l'an prochain ("horreur ! malheur !"), je songe aux fraises enrobées de chocolat que m'a livrées Noé, en compagnie de Joëlle (lien), en bas de l'immeuble, hier. Du haut de ses 5 ans, Noé m'appelle "Petit Laurent" et claque sur ma joue barbue une bise d'anniversaire. C'est chou. Je songe aussi —l'activité creuse est propice aux voyages intérieurs, à la contemplation des passants mal fagotés— à l'anecdote que m'a racontée ma moitié. À propos d'une dame endimanchée. Sapée comme jamais.

C'est drôle parce que c'est aussi le jour où je postais sur les réseaux la photo d'une dame (de dos car je respecte son anonymat*) apprêtée. Elle longeait avec son toutou les grilles du Palais Longchamp, faisant claquer les talons de ses chaussures rouges. Je me dis alors que tout n'est pas perdu. Que tout le monde ne s'affiche pas en survêtements noirs et claquettes-chaussettes ou claquettes-moumoute. 

Dans le tram, mon mec est fasciné par le spectacle d'une dame —bravo à la gent féminine qui sauve l'honneur et l'élégance— bien habillée. Très bien habillée, la cinquantaine, un peu plus, tout chez elle est coordonné, le joli chapeau, les vêtements, les lunettes de soleil, les chaussures, les bijoux, le sac à main. Pas tape-à-l'œil. La classe à Marseille. C'est plus fort que lui, il faut qu'il le lui dise. Arrivés tous deux à destination, la même, il s'approche d'elle mais s'efforce de ne pas paraître pressant :

– Bonjour, madame. Si tout le monde s'habillait comme vous, avec autant de classe, on n'en serait pas là.

– Oh comme c'est gentil ! On ne m'a pas fait d'aussi beau compliment depuis bien longtemps ! 

– Bonne soirée, madame.

– Vous aussi, merci, dit-elle, arborant un sourire à faire rougir un champs de tomates.

 

--- 

J'ai emprunté le titre de ce billet à l'artiste qui refuse qu'on lui souhaite son anniversaire (une polémique en carton de ce début d'année). Le lien vers le décryptage (très drôle) des paroles de la chanson ↪ ici !

*J'ai également préservé l'anonymat du papa et de l'enfant qu'a croisés la dame 😉

10 commentaires:

  1. Pourriez-vous refaire le dialogue du tram "avé l'asseng"?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Étonnamment, mon mec (Marseillais pur jus) n'a pas l'accent. Ou bien c'est moi qui ai une mauvaise influence sur lui et le lui ai fait gommer...

      Supprimer
  2. L'élégance de la dame et l'élégance de ton homme.
    Pas des vêtements, mais du cœur.
    Si rare aujourd'hui...

    Ben de Bxl

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle n'est pas si rare. Les cornichons (pour ne pas salir mon blog d'insultes) font beaucoup de bruit et mettent hélas en sourdine la majorité généreuse.

      Supprimer
  3. Merci de nous faire partager ces choses simples comme un éternel émerveillement d enfant...tu rends Ton monde plus beau :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec plaisir. La vie est plus supportable (pour moi) si on lève le nez de ses souliers, de son nombril.

      Supprimer
  4. Réponses
    1. Ce sont les claquettes-moumoute qui te plaisent ?

      Supprimer

Un commentaire, ce peut être un coucou, une amabilité, un point de vue divergent, un trait d'esprit, un signe de votre passage.

Pour celles et ceux qui n'osent pas (je ne mords pas) ou n'y parviennent pas, c'est tout simple :

1) Tapotez votre bonjour dans le formulaire de saisie ci-dessous
2) Sous Choisir une identité, cochez Nom/URL
3) Saisissez votre nom (ou pseudonyme ou si vous êtes timide le nom de votre cousine) après l'intitulé Nom
4) L'URL ne désigne pas l'Uto-Rhino-Laryngologie mais bien le lien d'un blog ou de n'importe quoi d'autre que vous jugerez bon d'accrocher à votre identité, la page Wikipedia de Sheila par exemple ; ou rien.
5) Cliquez sur Publier commentaire

Et le tour est joué. Elle est pas belle, la vie ?