See Mee m’a taguer.
Cékoidon ?
Faut quand même pas oublier que le lecteur de blogs n’est pas nécessairement blogueur.
Il lui arrive de pianoter sur google « mon teckel nous grogne » d’atterrir ici et de repartir la queue entre les jambes (souvent le cas lorsqu’il cherche des « femmes matures cochonnes vendeuses de livres »).
Mais pour revenir à nos moutons, la blogueuse [ma petite enquête m'a mis sur la trace de 95% de blogueuses participant à cet événement interplanétaire] s’enquiquine, pense en elle-même « qu’est-ce que je pourrais dire sur moi qui révolutionnât* la blogosphère et flattât un peu mon ego** », elle dégotte une idée pas piquées des hannetons et la transmet à ses victimes souvent consentantes. Donc, comme moi aussi j’enfile des perles à longueur de journée, j’accepte gaiement l’invitation de See Mee, adepte de la curiosité et rédactrice d’une p’tite éthique du #FF intelligent (ici), je vous inflige sept mots me concernant.
1 trait de caractère : joyeux
Attention, séquence "divan" : Dieu sait si j’ai trimé pour la retrouver, cette part lumineuse. C’est dur, de nos jours, d’afficher une mine réjouie quand le monde se barre en couille, non ? Ma part sombre, ça va, je la connais. J’essaie de l’apprivoiser et j’ouvre aujourd'hui la fenêtre sur un vent léger, frisquet parfois, mais revigorant.
1 mauvais souvenir : mot doux
Un moment fondateur diront certaines mauvaises langues : c’était en CE1, la maîtresse que j’adorais [forcément] intercepte le mot doux que je tente de lancer à une camarade de classe qui dardait sur moi ses yeux de biche. Mme T. ne trouve rien de mieux à faire que de le lire à la cantonade. Première humiliation. Et comme si le plaisir sadique de cette femme ne trouvait jamais de satisfaction, elle m’inflige la punition ultime (pour un gamin de sept ans, s’entend) : lors de la récréation, je porte le mot doux épinglé dans le dos afin que toute l’école puisse y lire mon petit message maladroit.
1 souvenir d’enfance : lune
En maternelle, tous les enfants attendaient avec impatience « l’heure des mamans ». Tous sauf un. Laurent la lune qu’on m’appelait parce que j’étais ailleurs, et qu’on avait toutes les peines du monde à me trouver lorsque sonnait l’heure de rentrer à la maison. Je préférais observer les p'tites bêtes courant sur la terre, au fond du parc, dans le bosquet de buis.
1 de mes défauts : mauvaise foi
Ca va, ça va. Pas la peine de s’y attarder non plus.
1 film « bonne mine » : Beignets de Tomates Vertes (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Café) (photo)
J’ai dû le voir une bonne centaine de fois. Des moments absolument jouissifs. Dont celui-ci que je me suis passé en boucle tellement il me faisait rire : Evelyn qu’incarne Kathy Bates se fait chiper sa place de parking par deux arrogantes pimbêches. Outrée, elle marmonne un « mais j’étais là avant vous ». Une des deux gravures de mode répond : « eh ouais, c’est dur ! ». La deuxième : « faut vous y faire : on est plus jeunes et plus rapides. » Et elles s’en vont en gloussant. La fureur monte en Evelyn qui décide d’emboutir la belle bagnole des deux pimbêches. Elle l’emboutit une fois, une deux, trois fois. Elle l’atomise, hurlant de joie, hystérique. Nos deux blondes accourent affolées « qu’est-ce que vous faites ? Mais vous êtes folle !!! ». Evelyn, satisfaite, leur lance : « faut vous y faire, j’suis plus âgée et j’suis assurée. »
1 meilleur ami : les livres
Même si Internet grille de leur prendre leur place. Dernière trouvaille (et cadeau d’une amie) : L’amour foudre d’Henri Gougaud (photo). Ce que je vais lire : Bouche bée tout ouïe... d'Alex Taylor (lien).
1 signe particulier : clown à mes heures
J’ignore si je retâterai de la scène. Ce qui est sûr, c’est que mes plus belles heures, je les ai vécues sur scène, incarnant ce personnage lunaire, loufoque, tendre, effronté, que mon amie m’avait aidé à accoucher. Un soir de mai, démaquillé, je prends l’air et la température des quelques courageux spectateurs venus nous applaudir, et là, une dame reconnaît l’hurluberlu qui l’a faite se tordre de rire (et pleurer un peu) et le prend dans ses bras.
** Oui, je participe parfois à cette vacuité qui façonne une certaine blogosphère. Je ne me situe ni au-dessus du panier ni en-dessous. J’ai moi aussi un ego à nourrir et le blog est une modeste et inoffensive façon de soulager son appétit pour la gloire.
Cette séquence de "Beignets" est cultissime ; tu la racontes parfaitement, j'ai à nouveau éclaté de rire en te lisant :D
RépondreSupprimerQuelle réjouissance que tu acceptasses de mettre en péril ta fierté virile en te soumettant à une tradition féminine ! L'on ne pourra pas dire que cela n'eût point valu le coup ! (ouf, assez d'imparfait du subjonctif...)
RépondreSupprimerJ'aime ton caractère joyeux, c'est un vrai bonheur. Tu devrais t'épingler cela dans le dos : on n'aurait pas envie de se moquer, mais de te taper l'accolade !
En revanche, un des trucs que je déteste le plus (et que je range dans la case "mauvaise volonté" - private joke pour ceux qui ont lu mon questionnaire de Proust), c'est la mauvaise foi. Bon allez, j'ai une tolérance quand elle s'exprime de manière voyante, avec une clin d'œil de connivence.
Allez, dis-le que ta mauvaise foi n'est qu'une pitrerie de plus, que je te serre dans mes bras.
L'instit de CE1, moi je l'aurais mise en prison pour ça... Avec un écriteau dans le dos : "je suis une conne sadique".
RépondreSupprimerTiens, tu m'as donné envie de revoir Des Beignets de Tomates Vertes. Affaire à suivre d'urgence.
Et bien j'en sais plus sur toi
RépondreSupprimerD'accord avec Lancelot pour le châtiment de ton instit, quelle horrible femme !
RépondreSupprimerEt en lisant tes autres mots, on ne peut que te pardonner une éventuelle mauvaise foi, surtout si tu es un fan de "beignets de tomates vertes" :)
@ Deef
RépondreSupprimerCe que j'ai omis de raconter, mais ça demandait le contexte, c'est le cri de guerre qu'entonne Evelyn, géniale Kathy Bates. Towanda !!!!!!!!
@ See Mee
Tu peux me serrer dans tes bras.
@ Lancelot
Moi, j'aurais plutôt opté pour lui infliger les punitions de son mari, maître de CM2 et directeur de l'école.
@ France
Un peu plus. Un peu.
@ Wizzil
Allez, voici l'extrait, le fameux extrait que j'évoquais dans le billet : clique ici!
bizarre je ne suis étonnée de rien...j'te vois vraiment comme çà !
RépondreSupprimerah la scène du parking !!!
belle revanche des femmes mâtures !!!
mauvaise foi TOI!!!
un bisou pour la route
l'écriteau dans le dos, si tu as lu Clara et ma première humiliation...bon ma gorge s'est nouée...c'était autre chose...!!!moi c'est la maitresse qui m'avait défendu !
Dernier souvenir très touchant !
RépondreSupprimerEt tu donnes vraiment envie de voir Beignets... Dont je n'avais jamais entendu parler, pourtant.
Amitiés
Tu as vraiment été clown? Ce doit être la vie dans une autre dimension, non?Tu ne veux pas raconter?
RépondreSupprimerSinon, pour la mauvaise foi, moi aussi… mais c'est tellement bon!
c'est beau et émouvant comme toujours, comme tout ce que tu écris de personnel
RépondreSupprimerj'aime quand les souvenirs remontent et se disent .....
sophie (des grigris)
Merci pour l'extrait, c'est vraiment un grand moment de plaisir :)
RépondreSupprimerBises
@ Nanoub973
RépondreSupprimerChacun ses petites et grandes humiliations. Certes on s'en passerait.
@ Miyax
Ce film a eu une seconde vie grâce aux VHS et DVD. Lors de sa sortie dans les salles, je me souviens qu'il était passé presque inaperçu.
@ Yola
C'est une autre dimension, effectivement. C’était un clown un peu particulier, pas au sens où on l’entend : mon nez rouge était métaphorique. Donner du rire, du rêve, c'est une chance inouïe. Que je raconterai peut-être. Quand ça m'attrapera.
@ Sophie
Quand ces souvenirs veulent bien se laisser conter sur ce blog. Tu n'ignores pas que se raconter sur Internet peut être (est) impudique. Alors je tourne souvent (pas tout le temps) sept fois ma souris tactile sur son tapis virtuel avant de cliquer "publier"
@ Wizzil
With pleasure, my dear.
J'avoue, j'aime les tags, les blogueurs se dévoilent autrement.
RépondreSupprimerEt ton imparfait du subjonctif est sublime : )
@ Dana
RépondreSupprimerL'actuelle déliquescence dans laquelle se trouve mon neurone de secours ne me permet pas de te répondre par un sublime imparfait du subjonctif.
Ravi de me dévoiler un peu pour toi, donc.
C'est bon de te retrouver à travers ce portrait.
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