Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

vendredi

Les mystères de l'amour et la CIA

 


Extrait de la très courte vidéo qui illustre ce billet :

– Et. Le. Téléphone que tu m'as donné, tu es sûr qu'il ne peut pas être localisé par les flics ?

– Je l'ai acheté à un agent de la CIA (clin d'œil appuyé), ils savent faire là-bas.

– Ouais je sais. 

🤣

Aujourd'hui plus que jamais, j'ai besoin de légèreté. Hier, nous avons applaudi Alison Wheeler à l'Espace Julien, plein à craquer. Je suis fan d'elle, de son talent, de sa fraîcheur, de certains de ses sketchs qui font hurler de rire (j'espère mettre la main sur celui chez le caviste ou la babyshower* qui part en brioche, deux moments irrésistibles), de sa chanson Les coquillettes au beurre. Les dates d'Alison Rouleuse près de chez vous 👉 .

Je ris aussi face à la médiocrité consommée du feuilleton Les Mystères de l'Amour. J'ai retrouvé l'extrait plus haut dans mes souvenirs Facebook, mon mec l'a extrait du bousin (pas une mince affaire !). À ce propos, il faut que vous lui demandiez un nouveau tuto sur 👉 sa chaîne YouTube car il se fait désirer. Un tuto pour télécharger les vidéos YouTube en toute légalité, si si, je vous assure. C'est facile comme bonjour. 

Bref. 

Comme j'aime partager ce genre de pépite, la vidéo ci-haut, je la publie ! Tout est tellement mauvais (les dialogues, le jeu des acteurs et j'en passe) que ça frise le génie. 


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* Cette fête venue de chez nos amis anglo-saxons consiste à réunir les proches et à révéler le genre du futur bébé autour de jeux cucul la praline

** Pour mes 50 ans dans quelques semaines, vous pouvez vous cotiser pour m'offrir le livre Ma vie est mieux que la vôtre d'Alison Wheeler.

mardi

La wifi et la liaison maltapropos

j'ai écrit sur un gobelet en carton


Dans son annonce, d'humeur apathique, le chef de bord parle de "la" wifi. Sachant qu'il lit un long message d'accueil par ailleurs bien articulé, je me demande qui de lui, de ses collègues ou de la SNCF est à l'origine de l'épidémie de lawifite qui sévit en France. Pour info, on dit le wifi. 
 
Alix, cheffe de bord et amatrice de kyte, prend le relai en gare de Montpellier. D'une voix pêchue et souriante, elle égrène les informations contenues dans son annonce sans aucune faute de français. L'honneur est sauf.

Provisoirement. Car Jacques prend la parole et signale aux voyageurs que la correspondance avec Port-de-Bouc sera tassurée —les liaisons maltapropos m'ont toujours beaucoup amusé.

Le wifi moisi n'empêche pourtant pas mon voisin de se lancer dans une visio. Une visio dans le train, si si. Sans casque et sans honte. Comme je n'ai pas envie de m'épuiser à lui dire le fond de ma pensée : tes parents t'ont peut-être appris le respect mais tu t'es vite assis dessus, visiblement ! je bats en retraite, vais m'asseoir un peu plus loin et m'abîme dans la contemplation d'un champ de coquelicots, d'acacias en fleur en bordure de voie ferrée ou du pêcheur assis à flanc de talus attendant que les sandres ou brochets du canal de Sète mordent à son hameçon, contemplant à son tour le train qui m'emmène en Occitanie. 

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Alix se prénomme bien Alix, si je me fie à son badge. Je n'ai en revanche pas vu l'ombre de son collègue.

samedi

Trésors cachés à Réformés-Canebière

 
je me suis perdu dans la contemplation de cette merveille
(toutes les photos 👉 le lien en fin de billet)

 
Au gré de ma lecture des 111 lieux à Marseille à ne pas manquer proposés par Dominique Milherou, je découvre des trésors cachés ou inconnus (de beaucoup). Inconnus de moi, néo-Marseillais, comme de mon mec, né à Marseille, comme de notre amie de palier ou de nos gentils voisins du dessous.
 
L'immeuble à l'angle du cours Joseph-Thierry et de la rue des Abeilles, érigé en 1929 par les architectes Lafon et Sénès abrite des trésors Art déco. Eugène Sénès est surtout connu pour l'escalier monumental de la Gare Saint-Charles. C'est du haut de ses 104 marches que les touristes et les Marseillais de retour chez eux apprécient leur ville à perte de vue.

De passage régulièrement au marché bio des Réformés le samedi matin, sirotant avec ma moitié le café au bar sans chichi qui fait face à cet immeuble, je ne soupçonnais pas l'existence de ces merveilles à quelques pas.
 
C'est hier que j'ai poussé l'imposante porte ouvragée du 15 cours Joseph-Thierry. À l'intérieur, un très bel escalier surmonté de vitres aux lignes Art déco, des plafonniers, une lampe étonnante, une mosaïque arborant papillon, fleurs, fontaine et son reflet dans le bassin, quatre colonnes, un auguste phénix, puis un haut-relief et, enfin une imposante verrière. Il faut déambuler avec discrétion car il s'agit d'un immeuble privé. C'est grâce à l'auteur de l'ouvrage cité plus haut que j'ai su qu'il suffisait de sonner à "cabinet médical" (aux heures d'ouverture) pour accéder à ces trésors. C'est beau, n'est-ce pas ? me dit un résidant sortant ses poubelles.
 
À 350 mètres plus haut, en direction du Palais Longchamp, au rez-de-chaussée du 76 boulevard Longchamp, les grilles en fer forgé ornées d'immenses marguerites rappellent que "la" Gaumont y avait installé ses bureaux marseillais en 1830. 

Pour les curieux, les amoureux de belles choses et de sites chargés en histoire, je recommande chaudement l'ouvrage de Dominique Milherou en vente chez Maupetit ou chez votre libraire préféré.
 

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📸 Les photos en haute définition sont dans l'album en ligne 👈 

* Le récit de mon échappée récente au Frioul 👉 bons baisers de Marseille 😘

vendredi

Get Hapi


get Hapi (tu as la réf* ?)

Sevrage jour 1. Je prends en photo mon Hapi 11, téléphone de dépannage en attendant la réparation de mon smartphone. Je réapprends l'enfer du langage T9** pour les SMS 😱 Je n'ai pas de vieux smartphone qui fasse l'affaire. Troquer mon addiction habitude contre l'usage (temporaire) de ce bidule m'amuse. Pour le moment. Et surtout parce que j'ai des alternatives (tablette + ordinateur).

Demain, pas de partage de connexion possible pour la tablette, ni wifi au boulot (si si, je vous assure). Je télécharge Society + Causette + 6 épisodes de Ted Lasso. Comme si j'allais m'ennuyer 🤣

J'ai testé Opéra mini, le navigateur. La "souris" se déplace à coup de clics (pressions, plutôt ?) sur haut/bas et droite/gauche, c'est drôle. Mais c'est drôle cinq minutes, en fait. 

La touche retour fait un grincement de porte qu'il faudrait graisser. 

Jour 2. Au lieu d'envoyer mon traditionnel "bonjour. café." sur les réseaux, je l'envoie aux 3 personnes que je viens d'ajouter dans ma carte SIM, mon mec, ma sœur et l'amie Élodie. 10:05 mon mec répond avec 2 petits carrés : je suppose que ce sont des émojis : emoji clin d’œil avec un bisou, ou 2 émojis caca-qui-rigole. Le Hapi ne comprend que les émoticônes à l'ancienne :-) tout simples ^^ ou des combinaisons plus loufoques : 

@}->->--- (une rose ; il faut se démancher le cou sur la gauche et imaginer la tige, les épines, la fleur)

@(°O°)@ (un koala) 

Pour les technophiles qui se demandent : "t'as pas le wifi au boulot ? et ta tablette ?" Du tout ! Pas de partage de connexion possible. Pas de wifi, site sensible, je ne vais pas m'amuser à naviguer sur les réseaux sociaux ou mon blog sur les outils de mon employeur. Je respecte les bonnes pratiques web et sécurité. 12:49 Élodie, fan de géométrie, m'envoie elle aussi deux jolis petits carrés. Décidément... 

Jour 3. Je lis dans le n°144 de Causette que les Français·es passent en moyenne 3.6 heures par jour sur leur smartphone. Bientôt, écrit Fiona Schmidt, pour décoller les yeux de l'écran, il faudra un cric. Pour ma part, il a fallu que je le confie à une boutique de dépannage. Dans le tram, je lève les yeux sur mes congénères plus que d'ordinaire et je laisse se dérouler le fil de mes pensées sans que le téléphone ne me happe à la moindre occasion (une idée à noter, une question à une réponse (qui jouait le rôle de Alice Chambers dans le navet qui m'a chipé 123 minutes de ma vie ; combien mesure l'acteur suédois Alexander Skarsgård*** ?), une photo à faire et partager et j'en passe des prétextes et de sottes notifications). 

Jour 4. Entre deux appels ou sollicitations de mon collègue, je lis la presse en ligne. Et m'interroge sur un réflexe, l'envie (immédiate) de partager sur les réseaux un article ou une info percutante ou farfelue, le réflexe facilité par l'accès aux réseaux, aux captures d'écran, aux copiés-collés. Réflexe et immédiateté. Ça fonctionne à peu près pareil pour un achat compulsif : une envie, la boutique à proximité ou en ligne, l'achat immédiat, l'assouvissement d'une pulsion. À ceci près que la comparaison s'arrête là : un achat n'est pas forcément utile, surtout s'il est compulsif. Comme je n'ai accès à mes "jouets" en mode débridé qu'en fin de journée, la capture que j'ai faite le matin finit dans la corbeille, à quoi bon, me dis-je. Le tweet reste avorté. À quoi bon, encore. La journée a domestiqué la pulsion. Le temps a fait son affaire. La raison a tranché : le tweet, l'info partagée, l'incroyable découverte, n'importent plus. C'est donc qu'elles n'importaient pas. Les gens de l'autre côté de l'écran, me dis-je, ont accès aux mêmes infos, aux mêmes outils. La même curiosité les anime probablement. 

J5. Je reçois un SMS de la boutique en charge de la réparation de mon appareil. Est-ce que je valide le devis ? ... roulement de tambours ... NON. J'ai eu le temps de me renseigner : le coût de la réparation équivaut à l'achat du même appareil neuf. Je vais récupérer l'appareil orphelin depuis lundi et en acheter un autre. Tout. Ça. Pour. Ça.

10:11 Je comprends finalement qu'Élodie n'est pas spécialement férue de géométrie. Les deux petits carrés qu'elle m'a envoyés ce matin sont deux emojis qui sourient et suent à grosses gouttes. Je la crois sur parole et vous souhaite un doux week-end. 😎


 

P.S. Ce modeste billet évoque de manière superficielle et imparfaite un sujet complexe, le numérique, ses excès, ses victimes collatérales, ses abeilles ouvrières (nous). Tout cela et bien davantage est compilé dans l'ouvrage Humanité et numérique : les liaisons dangereuses. La santé de l'homme et l'écosystème en péril, sous la direction de Servane Mouton, éd. Apogée "les Panseurs sociaux" 336pp, 25€ - papier dans le Libé du jour 👉 l'article

* Get happy

** Avec la saisie T9 6MNO 2ABC 6MNO 6MNO donne maman :)

*** L'acteur de True Blood, Tarzan ou la formidable série Big Little Lies, mesure 1,94m. Mon mec optait pour 2.16m, il n'est pas marseillais pour rien 😂

Zou dans le Var !

je continuais de m'arrêter tous les vingt mètres

 

J'ai récemment posté sur le réseau d'Elon un fil traçant à peu près en direct notre escapade dans le Var. Je vous en propose une version améliorée. 

Sachant que :

- Nous ne sommes pas des foudres de la randonnée et encore moins du sport

- Nous n'avons pas de voiture — pour les tenants du tout vélo ou des transports en commun, une virée hors de la ville, disons même de la métropole, reste très compliquée sans voiture : j'ai consulté les horaires de bus et de trains : le voyage retour est possible un dimanche, au terme d'une randonnée de 3h environ, à condition de tailler une bavette* avec les boulistes sur le terrain de pétanque municipal de Nans-les-Pins jusqu'à 18h50, heure du bus ZOU à destination d'Aubagne, ensuite de quoi il faut attendre le train puis le tram puis un peu de marche avant de regagner nos pénates marseillaises. 

- Le petit a besoin de se défouler et nous aussi (marre de la ville quand même)

- Notre propriétaire nous prête gentiment sa voiture dès qu'il le peut

Hop dans le Var ! Muriel de Belrando nous promet "une magnifique balade dans le massif de la Sainte-Baume qui permet de découvrir une rivière étonnante." C'est ce qu'on va voir 🥾

Nous ne sommes pas hyper optimistes sur le niveau de l'eau aux Sources de l'Huveaune mais la balade en forêt annonce de jolis moments de nature. Sur la fiche rando, Muriel nous prend par la main, nous guide pas à pas, au gré de photos et de cartes IGN ornées de tracés et de flèches. Des croix bleues signalent les endroits possible pour pique-niquer 🥪🍷

cliquez sur l'image pour l'agrandir - source : belrando.fr

Comme nous sommes partis un peu tard et que l'appel de la bière et du sandwich au pâté a sonné plus tôt que la balade, on s'est posés à Orioul au bord de l'Huveaune. Les calories à dépenser, c'est donc pour plus tard. 

c'est encore plus joli
si vous cliquez pour l'agrandir

Au cœur du village de Nans-les-Pins (Var)

L'accès à la forêt et aux Sources est un peu compliqué depuis le village. Sauf si on a potassé les indications de Belrando. La nature, ça se mérite. Et la voiture, ça se gare assez loin en fait. Nous avons posé notre monture près du terrain de boules évoqué plus haut. Sur Maps (car nous n'étions pas totalement dépourvus de ressources), nous avons pu nous repérer grâce aux Poules des sources et à Kevin Loisirs mais n'avons pas trouvé (ni sur Maps ni sur la toile) l'espèce d'énorme bâtisse fantomatique, une clinique de campagne abandonnée le long du chemin de l'Orge. Sur la photo ci-dessous, nous avons longuement contemplé le Massif de la Sainte-Baume, depuis le chemin longeant les écuries, jalousant très brièvement l'homme profitant d'une lecture sur son banc avec vue, les enfants jouant aux cartes avec leurs parents, le jardin embaumant le lilas.

Je vous épargne le déroulé de la balade et vous propose dix secondes de tranquillité aux sources de l'Huveaune à proximité de la Grotte de la Castelette d'où la rivière, que dis-je, le court fleuve surgit avant de se jeter dans la Méditerranée, à Marseille, après 48 kilomètres de parcours.


*Parce qu'on a cherché, tous les bistrots sont fermés le dimanche après-midi 😱 (hors-saison en tout cas)

mardi

Un air au pipeau ou à la clarinette ?

 


À l'heure où l'optimisme, la joie, les rêves les plus nécessaires rabougrissent jour après jour, je continue bon an mal an de faire mon miel des petites choses, je m'accroche à la simplicité, à la légèreté de l'instant, au soleil qui caresse les plants de salade en jardinières sur notre terrasse côté jardin, à l'espoir sans mesure du chien qui, debout sur ses pattes arrières, cherche ses copains de jeu dans le parc, au parfum du romarin que j'ai effleuré lors d'une balade dans le Var, aux sourires échangés avec les voisins d'en face lors d'un concert de casseroles pendant le monologue du monarque qui joue du pipeau à la télé, à la gentillesse de nos propriétaires qui nous prêtent leur voiture et nous permettent d'explorer l'arrière-pays, à la fleur de griffe de sorcière (photo) qui va orner mon bureau pendant une semaine au moins, au fou rire que j'ai provoqué chez une utilisatrice, au coquelicot ancré, fragile mais imperturbable face à la mer, au SMS de ma mère en convalescence :

—  Je viens d'avoir un concert surprise dans ma chambre, deux musiciens, un à la clarinette et un au violon.

 

vendredi

(b)rêves (11)

La une du Gorafi aujourd'hui (l'article)

À l'heure où les journalistes dépensent du temps (donc de l'argent) à s'efforcer de démontrer que le rappeur mégalomaniaque dit de la 💩 à coup de "les historiens le savent", je poursuis ma quête de nouvelles farfelues, légères, indispensables, vérifiées. J'en profite pour remercier les lecteu·rice·s fidèles à ce blog since 2006 et avant sur d'autres espaces 💕(et après aussi).


⭐ Un évêque a béni les rayons d'un supermarché Leclerc à Carcassonne. Il appelait, dit-il, à avoir une réflexion sur le bien-être au travail. "Nous n'avons ni prié pour les marges commerciales ni contre l'inflation," peut-on lire dans Le Parisien. On apprend qu'il a agi sous la houlette de Mgr. Planet. Le Planet sans e a autorisé la bénédiction de la mise à sac de la planète avec un e.

⭐ Kermit la grenouille fait la pub pour une marque de montres suisses de luxe. (page 5 du magazine Society n°203)

⭐ J'ai lu Parasites de Nicolas Framont. Lecture indispensable par les temps qui courent. L'ouvrage détricote par le menu la mystification du libéralisme, cause de tous ou grande partie de nos maux. Percutant et sans chichi. 

⭐ Pour le 3e championnat du monde de Docteur Maboul qui s'est récemment tenu à Paris, il fallait  enfiler sa blouse blanche, s'armer d'une pincette métallique puis ôter, entre autres organes loufoques, le papillon chatouilleur du patient à gros nez rouge devant douze arbitres stoïques. (France 3)

⭐ Un touriste en escale en Dordogne a voulu effacer ses traces après avoir fait caca dans les bois. 2000m2 de végétation ont été réduits en cendres. Peut-on dire qu'il avait le feu au derrière ? (France Bleu)

⭐ Des sapeurs-pompiers de Grand-Champ dans le Morbihan ont participé à une simulation de secours avec des Playmobil© (Ouest-France)

⭐ Mon mec en télétravail : "J'ai trouvé un système pour prendre des appels et faire les crêpes en même temps."

⭐ Et pour terminer ces (b)rêves, une info capitale : Jennifer Aniston ne se sépare jamais de ce baume à lèvres ultra hydratant. (Elle)


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Mes autres (b)rêves sont là 👉 (b)rêves !



 



dimanche

bons baisers de Marseille

Photo de gauche prise le 8/04 2023 au Frioul, Marseille 13007

Le plus dur, c'est l'atterrissage, le retour sur le plancher des vaches, la foule sonore du Vieux-Port. Faire abstraction, traverser le sas bruyant, le long couloir moche de la Canebière un samedi après-midi. Regagner le calme de notre appartement. Conserver le plus longtemps possible les bienfaits du voyage en bateau, les embruns, la petite rando sur l'Archipel du Frioul au large de Marseille, le pique-nique en la Calanque de la Crine, l'eau turquoise ou transparente (sélectionner le cliché exotique de son choix), les gabians* perchés qui veillent sur leur nichée comme l'eau sur le feu, crient "alerte ! alerte!" à chaque humain qui passe, la flore qui ne cesse de m'émerveiller, mes prises de vues bucoliques tous les vingt mètres, clac-clac, clac-clac, mon mec et le chien qui s'impatientent parfois, "bah t'inquiète, dit-il, ça va avec le package (comprendre : je t'aime comme tu es)". On a bien fait de penser au décapsuleur, on bougonne car on a oublié les chips, on entrechoque nos bières face à la mer, les voisins libèrent le gros tronc d'arbre échoué sur le tout petit rivage, on y réinstalle gauchement nos affaires, on renverse l'une des deux bouteilles, on bougonne à nouveau. On pense aux amis qui vont qui viennent, on philosophe un peu aussi, on observe la dame en rouge qui fait coucou de là-haut à ses collègues**, on marmonne encore dans nos barbes car elle empiète sur le périmètre des goélands qui le lui font savoir : ils virevoltent bruyamment autour d'elle. Je retrousse mon jeans pour barboter dans l'eau fraîche, je nettoie à l'eau de mer le cadeau du ciel de nos amis volatiles, le caca de gabian sur mon polo tout propre. Le bonheur ressemble un peu à tout ça, aux fleurs colorées***, éphémères, libres, que j'ai photographiées.

Bons baisers de Marseille 😘



* Les goélands leucophées (gabians en provençal) : visibles dans le ciel ou perchés sur des pics rocheux, ces grands oiseaux blancs avec des ailes grises, des pattes et un bec jaunes, dont les cris ressemblent à des rires s'appellent des goélands leucophées. Ils sont très fréquents sur la côte méditerranéenne et plus particulièrement sur les îles de Marseille. (extrait d'une des nombreuses plaques en céramique disséminées sur l'archipel)

** à Marseille, collègues signifie aussi amis

*** Quelques uns de mes clichés bucoliques 👈

 

samedi

La dolce vita

La dolce vita, plage des Catalans, Marseille 

Mon mec et moi rions beaucoup. Tous les jours. Quand la langue de mon mec fourche, me voyant bailler à m'en décrocher la mâchoire, à 20h, il soupire : c'est pas ce soir qu'on va regarder la version longue du Seigneur des Anus. Fou rire. Ou qu'on éreinte en direct les publicités qui polluent notre plateau télé, ou la présentatrice qui fait mine d'être à l'aise (sur ses échasses) en talons aiguilles. Quand je lui confie les sobriquets que j'ai donnés à deux de mes collègues, JM Ouin-ouin et JP de la Gueule, il me dit : bientôt on sera comme les deux vieux du Muppet Show qui passent leur temps à critiquer la piètre qualité du spectacle du monde (bon, il n'a pas dit ça texto mais c'est l'idée). Je réponds : on est DÉJÀ ces deux vieilles marionnettes acariâtres. Depuis notre loge d'avant-scène, on observe le passant, on lui trouve une démarche de canard, on remarque la vieille dame qui promène son géranium et qui nous rattrape déjà. On se moque de la bourgeoise attifée comme l'as de pique. On rit sous cape lorsqu'on croise un kéké portant la casquette à l'envers. Sur la lanière de la casquette est écrit bite en anglais, sur son front.

À côté de nous, face à la mer, un couple gentiment aviné se penche sur les pigeons jouant des coudes pour picorer les miettes de leurs sandwichs. La dame s'exclame : ils sont gentils, ces pigeons, ils veulent des câlins !



lundi

Aller plus haut

J'ai voulu tracer mon chemin
Pour aller plus haut, aller plus haut
(...)
 
Sur une chanson de Tina Arena, notre très cher colocataire se moque de nos barricades improvisées.

samedi

(b)rêves (10)

Les jobastres se retrouvent-ils au Bar Jo ?

Passant presque quotidiennement devant le Bar Jo, pas loin de la Belle-de-Mai, et depuis des semaines, c'est seulement hier que j'ai failli tomber de vélo, frappé par le jeu de mots. Volontaire ou pas, je ne le saurai que lorsque je franchirai le seuil et y siroterai mon p'tit jaune. Quel rapport avec les brèves qui suivent ? Depuis quelques lunes déjà, je fais mon miel d'infos frappées de la chechia, drôles, tendres, farfelues, sur le bas-côté de l'autoroute de l'info anxiogène qui suscite tour à tour lassitude, agacement ou indignation. C'est parti, mon kiki. Accompagné de votre café ou thé, n'oubliez pas de tremper votre biscotte dans les liens que j'ai glanés pour vous.


⭐ Depuis un an, sur l'île néo-zélandaise de Waiheke, un mystérieux inconnu vient déposer dans les boîtes aux lettres des habitants de Surfdale une saucisse grillée avec un peu de sauce, posée sur une tranche de pain de mie. L’identité de ce plaisantin reste pour l’heure un mystère. (20 Minutes)

⭐ Âgée de 116 ans (le 4 mars dernier), Maria Branyas Borera, la nouvelle doyenne de l'humanité, est hyperconnectée et raconte ses souvenirs sur Twitter. (France Info)

⭐ J'apprends perplexe l'existence de nouvelles pathologies : le text neck (cervicalgie du texto, en français) se traduit par des douleurs liées à la position penchée qu'implique la rédaction de SMS. La selfite se traduit par un besoin irrépressible de se prendre en photo en toutes circonstances. (Le Point)

⭐ Sourcils : voici 5 façons de les porter en 2023 (Gala). La meilleure façon, c'est quand même de les porter au-dessus des paupières, non ? 

⭐ "Kate Middleton met la main aux fesses de William aux Bafta : un expert explique ce geste surprenant." Ce qui est surprenant, ça n'est pas le geste, c'est l'usage du mot "expert" dans le tweet de Voici

⭐ Je collectionne les anacoluthes (figure de style malencontreuse). En voici une belle offerte par le stagiaire de BFM : "Antibes, une mygale entre dans l'oreille d'une sexagénaire, elle finit aux urgences." Le papier ne nous dit pas si le pronostic vital de l'araignée est engagé. 

⭐ Le directeur du musée Grévin à propos de la statue de cire de Donald Trump, mise au placard : "La plupart des visiteurs faisaient des selfies à ses côtés en lui mettant les doigts dans le nez." Le musée avait dû lui refaire plusieurs fois les narines. "Il nous a coûté cher en prothèses mais aussi en cheveux, couleurs et brushing." (Le Parisien)

Libé titre : "Une pizza sans pâte, bouillonnante dans la cocotte, où chacun vient tremper son bout de pain." ça n'est plus une pizza, c'est du gloubi-boulga ! J'apprends d'ailleurs que la recette de Casimir existe 😱 👉 !

Poil au menton : comment s’en débarrasser ? (Gala) Allez, sans lire le papier de Gala, je me jette à l'eau : avec une pince à épiler ? 


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Mes autres (b)rêves sont là 👉 (b)rêves !



 



dimanche

Sinon ?

 


Les gens sont fadas, non ?

Pancarte vue ce dimanche. Je n'ai pas pu m'empêcher de tricoter des hypothèses improbables. 

Sur le morceau de carton est écrit : 2 places, gare-toi bien la prochaine fois, sinon ? 😱

Sinon ?

— On se vouvoie ?

— Je gare la voiture à votre place ?

— Je vous fais un enfant par la bouche ?

— Je vous prépare une pizza aux anchois et à l'ananas ?

— Je sors de ma cachette (derrière le rideau tiré de mon appartement) et je viens échanger cordialement avec vous ?

— Je signe mes prochains messages anonymes avec le nom, prénom et téléphone de ma cousine.

— Les enfants, ça va ? 



Le chien au camélia

 

Dans le hall d'entrée de l'immeuble, sous les boîtes aux lettres s'amoncellent les tracts de supermarchés, les prospectus de cahutes à pizzas, les bouts de papier promettant la lune aux crédules, la chance aux jeux d'argent, le retour de l'être aimé, l'allongement de l'espérance de vie et du zizi. Tout ce papier fabriqué pour la poubelle se dispute une place avec les offrandes de la voisine Mystère. Quand ce ne sont pas des mini cocottes de couleur, des nougats dans une coupelle, ce sont des romans à l'eau de rose, des cahiers d'écolier ou, ce matin, le Camélia de ma mère, douce évocation horticole d'Alain Baraton. 

Que j'ai donc chipé et lu ce matin, sous le soleil généreux d'un début mars, café à portée de main, à l'horizontale dans le canapé, en compagnie du chien qui taquine du museau une fleur du camélia à quelques mètres de là. 

Une autre offrande, celle-là. D'une amitié aussi furtive que le passage de la comète Haley. Allez !

La dame au camélia ou la dame aux assiettes. Ma moitié l'a dépannée informatiquement. Elle lui a offert un carton d'assiettes Ikea. Il n'a pas dit non, ça dépanne. Puis un camélia chétif qu'elle destinait à la poubelle.

— J'en veux pas, il va crever, tu le prends. 

Trois ans plus tard, l'amitié a fait pschitt. Le camélia, en revanche, se porte comme un charme.

Je n'ai pas de chute à ce billet. Je vous laisse alors avec la formule détournée que m'a apprise Josette, l'utilisatrice qui, pendant que je prends la main sur son poste, fredonne :

Un, deux, trois*

Ma politique à moi 

C'est d'être aimée de toi 

Et chanter la, la, la, la, la, la, la 

Au terme d'un long et savoureux bavardage, elle lance, goguenarde :

— Bon, il n'est de bonne compagnie qui ne se cuite !


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* Chanson interprétée par Catherine Ferry pour l'Eurovision en 1976. Amusez-vous à reconnaître l'un des choristes dans la vidéo !

mercredi

Au ras des pâquerettes

 

Je n'ai pas eu le temps (ou pris le temps) d'aller chez la fleuriste et acheter un bouquet de roses importées du bout du monde. J'opte pour des pâquerettes cueillies en bas de chez nous. Circuit court, zéro émissions carbone. Si l'on omet l'usage de l'ascenseur et la fabrication et l'acheminement du papier de soie. Du haut de son balcon, une voisine darde sur moi et le chien (surtout) un air inquisiteur. Tel un diable de Tasmanie, le petit bondit sur la pelouse interdite. Je le ramène sur l'asphalte autorisé, il zigzague, virevolte, tire sur le bras qui tient la laisse... et les fleurs qu'il happe au vol. C'est sportif mais bon an mal an, je parviens à composer mon bouquet.

Sans transition.

Je découvre que j'ai droit à cinq jours ouvrés pour "mariage du salarié". Je m'en ouvre auprès de ma moitié.

— Imagine, le nouveau collaborateur qui tombe amoureux de son chef, ce sont des choses qui arrivent.

— Dans les films ! ironise-t-il.

— Dans la vraie vie aussi.


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Post scriptum : j'accepte très volontiers vos gentilles félicitations en commentaires mais le passage en mairie n'est encore qu'au stade de l'ébauche.

samedi

Pauline et les clémentines

j'écrivais un billet de blog sous l’œil dubitatif du petit

Le contact s'est fait le jour où je lui ai proposé de choisir mon numéro pour la tombola, en décembre dernier. C'est une employée de l'épicerie en bas de chez nous. Pour 2€, je participais au tirage au sort qui me désignerait peut-être comme l'heureux gagnant du panier garni de douceurs, fruits, légumes, vins spiritueux. 

— Quel numéro souhaitez-vous ?

— La date de votre anniversaire.

Depuis, on papote. Elle se plaint du vent glacial qui traverse l'échoppe de part en part, de son mal de dos. Jamais avec vindicte. Toujours avec douceur, c'est comme ça, et des questions banales qu'elle m'adresse penaude mais sincère, humaine. 

Alors qu'elle pose mes clémentines sur la balance, son téléphone sonne. Elle écourte l'appel mais j'entends le "je t'aime" qu'elle offre en guise d'au revoir à la personne au bout du fil. Toute fondante, elle s'excuse presque :

— C'est mon fils. Je n'ai que lui. C'est ma vie. Vous avez des enfants ? 

— J'ai un chien. 

— Et votre copine ? 

— Mon copain ? Non plus. On a choisi de ne pas perpétuer la race humaine. 

Elle rit. 

Au détour d'une plaisanterie, j'apprends qu'elle est corse. 

— Comme vos clémentines.

Nous continuons d'échanger. À propos de la barbe de hipster de son fils, de sa belle-fille jolie comme un cœur, de l'hôtel 5 étoiles qu'ils tiennent sur l'île de beauté, de la grasse matinée qu'elle attend avec impatience. Je pense à Florence, ma pharmacienne, qui de sa voix flûtée, évoque son séjour à Bordeaux, qu'elle découvre, merveilleuse. Je pense à Amélia, la vendeuse de chez Weldom, toute fière de la parution dans la presse du billet qui l'évoquait 👈 Je pense que je n'ai pas gagné à la tombola. Je pense malgré tout que je suis riche des rencontres, des conversations, des sourires, même furtives, même légères, même timides.