Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

vendredi

jeudi

j'ai mangé une mini chocolatine au stade Vélodrome

j'ai mangé une mini chocolatine au stade Vélodrome


Pardon d'avance pour le titre gentiment provocateur. Et puis. Je dis chocolatine si je veux. 


– Et toi tu es d'où ? demande le collègue d'un jour. Collègue de deux jours, en fait. Où je parcours les travées du stade emblématique de Marseille, à pied et en golfette. Un ex-Parisien dans l'antre de l'ennemi juré. Paris vs. Marseille. Je n'arbore évidemment plus le t-shirt à l'effigie de la capitale. Je me suis fondu dans la masse, dans la ville dont j'ai adopté le rythme nonchalant1 il y a 7 ans de cela. Les us et coutumes, pas tous les us, hein, faut pas pousser mémé dans les orties et votre serviteur dans l'hystérie2 du ballon rond. 

Ne me demandez pas de comparer ma vie parisienne à ma vie marseillaise. C'est comme comparer la Bonne-Mère à la Dame de Fer, le pastaga au champagne ou la douceur de vivre et l'effervescence. À choisir, je prends tout. 

Ce que je gagne à Marseille, c'est un mari, le climat méridional, la vue sur le massif Saint-Cyr et la mer à portée de pas. Je pousse un soupir navré devant le paillasson3 des voisins du 5e et passe mon chemin. Pour reprendre les mots d'une amie disparue des radars, ici le merveilleux côtoie aussi la plus insondable merde. Comme presque partout, me direz-vous. Et vous me connaissez, j'ai tendance à lever les yeux sur le merveilleux et me pincer le nez quand je suis confronté au caca de mes contemporains. 

L'objet de ce billet ? Poser un "qui l'eût cru". Dans mes pensées les plus folles, je n'aurais pas imaginé : 
* "monter" à Paris pour y vivre 15 ans
* "descendre" à Marseille4 et me marier à un Marseillais
* faire du théâtre puis de la traduction littéraire puis de l'informatique
* intégrer un des plus gros employeurs de la 2e ville du pays
* rejoindre les coulisses des JO, du stade Vélodrome, de la Marina (la base nautique totalement repimpée pour les JO)

Et vous ? La chose la plus folle qui vous soit arrivée ? 



1 Cliché : doucement le matin, pas trop vite l'après-midi 
2 Chacun ses marottes. Je n'enquiquine personne avec la littérature 
3 Un paillasson classique recouvert d'un t-shirt PSG dégueu sur lequel leurs hôtes peuvent s'essuyer les pieds. Classe !
4 J'ai pas mal d'anecdotes pas piquées des hannetons sur ma vie à Marseille, pour les lire, il faut cliquer ici 👈

vendredi

821 308 visites et toi et toi et toi

 

L'amour menaçant de Etienne-Maurice Falconet + mes lunettes de vue + une tasse de café sur un bureau Ikea

Chut, fait l'ange ailé, l'air malicieux, s'apprêtant à tirer une flèche de son carquois. Au dos, quelques lignes manuscrites. Je prends la liberté de les livrer publiquement : merci de tes visites sur mon blog. Quelle belle aventure que nos blogs. Nous allons devenir des dinosaures :) Marie-Hélène fêtait les 18 ans de son blog

Je me suis alors amusé à calculer l'âge du mien. 2009-2024 = 15 ans pour l'espace qui héberge mes bafouilles. 2006-2009 = 3 ans pour le précédent. 

Des fraises et de la tendresse, ce sont 455 billets, 3 florilèges (journal tendre d'un confiné, Paul Dindon, une nonnette au miel des petites choses), en vrac, des anecdotes, des coups de sang, des déambulations parisiennes puis marseillaises, du théâtre, du cinéma, des lectures, des photos, Afida Turner, une chienne qui menait l'enquête, puis un chien debout, des perles hôtelières, des brèves farfelues, des chocolatines, des amitiés, de loin en loin ou de près, les cheveux abîmés de Mylène Farmer, René de Obaldia, Madame Arrosoir, Élodie Jauneau, Madonna, un coup de foudre à Marseille Saint-Charles, des petits riens qui font toujours du bien, un verre de bonheur.

821 308 visites, ou pages vues, plutôt. Spamal. 

Merci pour votre fidélité, vos petits mots ! 



mercredi

et un gros bisou à votre titou

tête à bisous

— et un gros bisou à votre titou*, dit la vendeuse en guise d'au revoir.

C'est mignon. Et en guise de bonjour :

— oh j'ai vu votre chien avec votre dogsitter** (...)


* notre chien (photo) 

** mon mari 😂😂😂 

 

Je raconte l'anecdote à mon mari sus-mentionné.

— Tu lui as dit que je n'étais pas le dogsitter ? 

— Euh, non. 

— Dans ce cas, tu me paies la journée de garderie, dit-il en joignant le geste, une main tendue, à la parole.

jeudi

Je n'ai pas glissé sur une peau de banane



Je m'apprêtais à écrire un billet bucolique. J'avais l'accroche : déjeuner sous le parfum des genêts. Fier comme Artaban de la rime surgie de façon inopinée alors que mon mari, le chien et moi humions l'air de la campagne et des genêts au pied du massif de la Sainte-Baume dans le Var. Mais à part une photo et un récit pas follement romanesque*, je n'avais pas de quoi tenir un billet ni un public en haleine. 

Puis est arrivé mon anniversaire 🎂

Réveillé par mon mec tenant un plateau pour un petit-déjeuner au lit avec viennoiseries à foison, je me suis dit que la journée ne pouvait pas mieux démarrer. Je vous fais un petit déroulé télégraphique du mercredi 22 mai 2024 :

Télétravail, messages et pensées d'amis, de proches, de ma sœur au chevet de ma mère, cadeau surprise de l'amie voisine sur le palier de la porte (le roman de Jean-Baptiste Andréa : Veiller sur elle ; hâte de le lire après avoir dévoré Un soir d'été de Philippe Besson puis Monique s'évade d'Édouard Louis), courses volumineuses pour lesquelles nous prenons la voiture, retour de courses, coucou du balcon de Simone qui nous aperçoit alors que nous franchissions le seuil du parking souterrain. Elle agite le bras pour nous signifier d'attendre, elle descend.

Nous nous garons à la va-comme-je-te-pousse, en travers de l'impasse, nous papotons. Avant de se quitter, un large sourire illumine son regard, elle lance :

— On ne se voit plus, mais je ne vous oublie pas hein ? Je vous aime, vous le savez ?

Bises chaleureuses à la volée. Retour au parking. Je pars chercher le caddie de la résidence (je salue ici l'initiative d'un voisin, d'une voisine, qui a subtilisé l'engin au supermarché d'à côté - c'est pratique, pratchique (en bon marseillais), pour véhiculer la montagne d'emplettes de la voiture au 7e étage via l'ascenseur). 

Ellipse.

J'ai atrocement mal (beaucoup moins, à l'heure où j'écris ce billet) et je m'amuse malgré tout, hier, à échanger avec mes pairs sur les réseaux. Je poste une photo : je suis allongé dans le canapé, deux pains de glace enveloppés dans un torchon rafraîchissent ma cheville qui a doublé de volume. J'écris : pour mon anniv, je me suis offert une entorse 🎁 je ne vous dis pas comment car c'est d'une manière très très très idiote.

Bon, je vous dis. Parce que malgré la douleur, c'est drôle. 

Sur Instagram, Threads, Bluesky, on me répond : Tu as porté des talons trop hauts ? On t'a offert un skate ? On m'écrit qu'on se fait une entorse rarement de façon intelligente, en glissant sur une feuille mouillée ou en loupant une marche ou un trottoir. Il n'y a qu'au cinéma ou chez Tex Avery qu'on fait des gadins acrobatiques en glissant sur une peau de banane. 

Pour ma part, j'ai saisi le caddie et, comme je l'ai fait tant de fois, quand j'étais gamin puis ado, j'ai posé mes deux pieds sur la barre transversale qui relie les deux roues arrières et j'ai dévalé la pente douce qui me mène à la voiture. Mais je n'ai plus sept ans, ni quatorze, ni vingt. Le chariot n'étant pas un kart ni un véhicule de course, au sens sportif du terme, pas de frein pour ralentir la vitesse, pas d'airbag pour amortir le choc. Sous le regard perplexe de mon mec qui m'attend au pied de la voiture, je tente vite fait un petit saut de gazelle pour me libérer du caddie et atterris sur le bitume du parking et... crac, ma cheville droite fait la danse de Saint-Guy. 

Je ne vous énumère pas les insultes dont je me suis couvert. La suite ressemble** au commencement de ma journée lorsque mon mari m'a déposé amoureusement un plateau sur le lit : il range les courses, sort le chien, cuisine, descend les poubelles, passe l'aspirateur sous mon regard reconnaissant, il m'apporte désormais le café sur demande. 


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* contrairement à la minute varappe racontée ici
** à une différence notable près, ma nouvelle compagne, la canne anglaise qui me soutient pour une petite semaine, peut-être.






Bons baisers des Calanques

Calanque de Sugiton - Parc national des Calanques

Marseille accueillait hier en grande pompe l'arrivée de la flamme olympique. Pas la tasse de thé de la maison. Ni de l'amie Élodie que nous recevons pour la 4e année consécutive. Surtout quand on a vu au hasard de nos déambulations la resucée de la caravane du Tour de France avec les animateurs Coca et marques cousines chauffer la foule à coups de "vous avez soif ? vous voulez un bob Coca ?" Manquait plus que Justin Bridou et ses saucisses sèches miniatures jetées à la foule. 

Bref. 

Au programme de la saison 4, l'absence bienvenue de mistral, le soleil généreux, les doigts de pieds en éventail, les selfies-grimaces sur les réseaux sociaux, les bons petits plats de Lolo les bons tuyaux, le rosé très frais, les rigolades, les discussions à bâtons rompus et la balade dans les Calanques. 

Balade-rando, presque un trek pour nous qui ne sommes pas sportifs (Élodie l'est un peu plus que moi). Baskets ou chaussures de rando qui tiennent bien le pied et/ou la cheville, gourdes, casquettes recommandées. Et énormément de patience pour les potentiels accompagnateurs* car nous nous arrêtons tous les dix mètres pour photographier la fleur dans l'anfractuosité, le pin perché à flanc de falaise, le point de vue à couper le souffle. Nous avions tout le temps de nous extasier devant la beauté et la variété du site. Des que-c'est-beau en veux-tu en voilà !

J'ai procédé à un tri drastique des photos. Il en reste vingt-quatre que j'ai publiées ici 👈

En poche, le plan IGN 1:15 000 (1cm = 150m) mais aussi celui (PDF zoomable) offert par l'application Mes Calanques (app qui fourmille d'infos, fiches et conseils). Je m'étais assuré que l'accès était libre. L'accès aux massifs est réglementé à partir du 1er juin : réservation obligatoire et gratuite. Mais comme le dit l'amie, et je partage son avis, ça ne nous choquerait pas que la réservation soit payante : freiner le tourisme de masse dans un site aussi exceptionnel et préservé est nécessaire et urgent. 

Départ du parking de la faculté de Luminy, une petite heure jusqu'à la Calanque de Sugiton. Facile, le chemin, c'est presque une autoroute. Les panoramas sont exceptionnels, la mer turquoise, l'îlot du Torpilleur sorte de varan de Komodo chevauché par un caniche (d'après l'amie) darde un œil torve sur les baigneurs. Courageux et téméraires, nous choisissons de ne pas rebrousser chemin pour le retour et nous dirigeons bille en tête vers la Calanque de Morgiou, un charmant petit port de pêcheurs où une "cabane" doit valoir autant qu'une villa sur la Côte d'Azur mais sans les commodités, ou plutôt avec commodités mais pas tout le temps (le bar où nous avons fait escale et bu nos Pac** citron avait coupé l'eau courante et fermé l'accès aux toilettes, au grand dam de ma comparse qui ambitionnait une pause pipi). 

L'accès à Morgiou par Sugiton est difficile. C'est au pied d'une échelle arrimée à une paroi à pic que nous avons été alertés par un randonneur : attention, ce qui vous attend un peu plus loin est... compliqué. Surtout en descente, ce qui était notre cas. Nous avons compris après coup la signification des petits triangles rouges. Sur le plan IGN, la légende : passage délicat. Quelques sueurs froides, beaucoup de précautions, l'aide active à une marcheuse solitaire saisie de panique, un échange fort sympathique avec un marcheur plus aguerri, et nous nous félicitons bruyamment de l'épreuve franchie. 

Je vous épargne le récit du retour, les éboulis escaladés, les corps fourbus, votre serviteur essoufflé mais émerveillé devant tant de beauté préservée (j'ose espérer). 

18 000 pas, 12 kilomètres, beaucoup*** de dénivelé, de passages accidentés, de bronzage agricole (le premier de la saison) et des bons baisers des Calanques 😘


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* Ça tombe bien, y avait pas d'accompagnateurs
** la boisson typique et locale : sirop citron sans colorant fabriqué en Provence
*** beaucoup, pour des novices

Encore le lien vers les photos légendées 👉 ici ou
Vous avez cliqué sur les liens dans le billet ? Non ? À quoi ça sert que Ducros se décarcasse ? 

vendredi

Ne m'oublie pas

j'ai photographié du myosotis
 

Comme je ne peux apporter de fleurs à l'hôpital, je les cueille en photos. Hier des boutons d'or pour voir si tu aimes le beurre. Aujourd'hui des myosotis pour que tu ne m'oublies pas. En anglais, ces délicates et minuscules fleurs bleues s'appellent des forget-me-not, ne m'oublie pas.

La maladie qui affecte de manière brutale et dramatique ma mère est une maladie cousine d'Alzheimer mais n'affecte pas la mémoire. Comme elle le disait à un médecin qui l'interrogeait mardi, dans un éclair de lucidité : c'est la dégringolade.

Il nous reste les moments (fugaces) volés à la maladie, le sourire face aux gourmandises que je lui apporte, la crème passée sur les mains, sur le visage, plongeant mes yeux dans ses yeux noisette, le collier autour du cou, mes doigts dans ses beaux cheveux soyeux et blancs.

Presque 18h, il est temps de la confier aux soignants.

Au revoir Maman, je rentre à Marseille demain. 

Mes bras entourent son corps frêle dans une très très longue étreinte et je lui dis au creux de l'oreille :

Je t'aime.

J'ai un peu le sentiment de l'abandonner et pourtant je pense au myosotis : forget-me-not, ne m'oublie pas !


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J'ai écrit d'autres billets racontant ce chemin tortueux (atroce) qu'elle emprunte malgré elle depuis un an : lien.

jeudi

Voici ta mère !

Mosaïque - Basilique Notre-Dame-de-la-Garde, Marseille


Voici ta mère ! La Bonne Mère est un peu devenu la mienne depuis que j'ai définitivement posé mes valises à Marseille il y a sept ans. J'ai eu l'occasion de parcourir les 240km2 de la ville et ses 57km de façade maritime. Après ma vie parisienne, j'ai écrit au fil de ce blog ma vie marseillaise. D'un coup de foudre à Marseille Saint-Charles à I feel Goudes, récemment. 

Si vous lisez le billet qui suit et les liens que j'ai saupoudrés ici et là, vous croirez que je passe ma vie au balcon à observer mes congénères (en un mot). Que nenni. Je les contemple aussi sur le chemin qui me conduit au travail, à la caisse du supermarché, dans le rétroviseur de ma voiture ou à la prochaine fête des voisins. Je remplis mon panier d'instants truculents, de regards en coin, de brèves de comptoir, de bons mots. 

Je m'en vais vous faire une petite liste à ma façon. De moments incongrus ou tout bonnement choquants. Et vous réserve en fin de billet la scène observée hier soir. 

→ Un inconnu veut acheter les cacas de la chienne (paix à son âme)

→ Des clients empégués et hilares jouent à la pétanque en pleine nuit dans la rue

→ Je rentre d'une après-midi shopping lorsqu'un type prend une balle à quelques mètres de moi

→ Une querelle entre automobilistes, c'est le oaï en bas de chez moi 

→ Mon mari croise la voisine acariâtre

J'ai créé un libellé Marseille qui regroupe tous les billets qui fleurent bon (ou pas) la cité phocéenne

Hier soir...

→ Le mistral ne rend pas seulement fadas les gens, il joue avec les poubelles, fait claquer les baies vitrées en un fracas de verre brisé, emporte gabians et pigeons, chapeaux et foulards. Il décroche même le pare-choc arrière d'une voiture à l'arrêt au feu rouge. J'ai vu de mes yeux vu l'engin valser devant les roues d'un bus à l'abribus, des automobilistes stoïques lorsqu'une dame est allé récupérer le pare-choc qui empêchait le bus d'avancer pour le rendre à son propriétaire, par la vitre du chauffeur. Et tout le monde s'est remis tranquillement en mouvement : le bus a repris sa tournée, les autos leur voyage, la dame son chemin. 


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Vous avez cliqué sur les liens ? À quoi ça sert que je m'escagasse ? Vous les avez déjà lus ? Au temps pour moi 😘

lundi

Elisabeth Borne et mon mec harnachés de bleu

 


C'est un billet de feignasse que je vous propose aujourd'hui. Où je mêle des idées pas follement organisées. Quoique. Y a un petit rapport entre l'ex Première ministre et ses acolytes qui ont la bouche pleine de la "valeur travail" 🤮 et le livre de Lydie Salvayre aux éditions du Seuil : Depuis toujours nous aimons les dimanches avec son bandeau rouge coco : NE TRAVAILLEZ JAMAIS. Que je conseille chaudement. Mais ne nous égarons pas en politique. 

Mon mari souffrant d'une capsulite, il lui faut une attelle qui immobilise son bras pendant le sommeil. De la kiné, de la balnéo, des antidouleurs et beaucoup de patience. Et certainement pas les bracelets de pierres magiques qu'une internaute a vantés sur une page Facebook de gens souffrant de capsulite. Je note que les pigeons se trouvent facilement sur Facebook.

J'ai vu passer sur les réseaux une photo de Babeth harnachée de bleu. Je l'ai enregistrée dans mon tél puis l'ai envoyée à mon mec. Sans penser qu'il irait à la pharmacie et présenterait son téléphone et Elisabeth Borne en annonçant : bonjour, il me faut ça, s'il-vous-plaît !

dimanche

2 tortues qui s'enlacent

 



Tandis que j'assemble ici les mots les uns après les autres dans une suite compréhensible par la plupart, je songe à ma mère qui part à la dérive sans que l'on puisse établir un diagnostic définitif et donc un traitement adapté et efficace. Je m'en suis déjà ouvert ici. Son état s'était miraculeusement amélioré. Puis de nouveau la dégringolade, patatras les projets alternatifs, envolées les perspectives de vie à peu près normale, tranquille, apaisée. C'est au jour le jour que nous vivons le drame alors qu'il y a une année et demi de cela, elle jardinait, cuisinait, conduisait, rendait visite à ses sœurs en Dordogne, à ses amies, téléphonait, savait se servir d'une bêche, d'un motoculteur, d'une télécommande. Aujourd'hui, rien de tout cela n'est possible. Les mots se font des crocs-en-jambes, les idées et les actes semblent dictés par un conducteur de bus qui roulerait allègrement sur la voie de gauche, sur la voie de droite par de courts moments de lucidité, sur le trottoir et même dans le fossé, défonçant ensuite à contrecœur les pelouses entretenues des maisons en bord de route. 

Lové dans le cocon de ma petite vie marseillaise ou tapi dans ma grotte et affranchi d'interactions sociales, je lis un roman, j'écris, j'observe l'avancée de mes semis, je joue avec le chien. Je ris aussi quand mon mec m'avoue, honteux, que ses pensées sont prises en otage par la Barbichette song d'Afida Turner. Je lui propose de s'en débarrasser en la remplaçant par Juanita Banana d'Henri Salvador. 

De retour en visio, j'offre à ma mère un tour du propriétaire des plantes qui peuplent l'appartement, je lui montre les iris exfiltrés de la maison qu'elle a vendue l'an dernier et qui s'apprêtent à fleurir. Elle s'émeut devant une photo d'elle et mon père que j'ai encadrée, s'attendrit face au chien vautré dans le canapé, dit bonjour à mon mec. Le lendemain pourtant, elle me confie :

— Je t'ai trouvé un copain.

— Je suis marié, rappelle-toi, j'ai trouvé le bon et je le garde.

Comme piégée par un canular que lui aurait fait à son insu son cerveau, elle sourit de bon cœur et répond correctement à ma question quand je lui demande ce qui est gravé à l'intérieur de mon alliance. 

Lorsque ses symptômes lui accordent de minuscules répits aussi aléatoires qu'espacés, je lui raconte notre promenade, lui montre les carrés de mosaïque représentant deux tortues s'enlaçant au 28 du boulevard H à Marseille, lui annonce pour la énième fois que je viens en Charente pour son anniversaire, dans deux semaines.

Huit petits jours de congés, bientôt, une heure ou deux par jour avec elle. C'est dérisoire. Être là, à ses côtés, lui parler, la prendre dans mes bras chaque fois qu'une crise d'angoisse la terrasse, lui masser les mains, absorber avec elle le soleil, peigner de mes doigts une mèche récalcitrante de ses beaux cheveux blancs, contempler le rouge-gorge qui vient picorer les graines qu'elle et ma sœur ont versées dans la maisonnette en bois suspendue à l'arbre face à sa chambre. Et me dire, l'espace d'un court instant, que la vie n'est pas une garce. 


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Màj du 8/04. Détails plus prosaïques : il semble qu'elle souffre d'une DFT (dégénérescence fronto-temporale), pathologie cousine d'Alzheimer qui n'affecte pas les mêmes zones du cerveau. Révélée par une interminable hospitalisation l'an dernier, alors qu'elle célébrait ses 75 ans. Ajoutez à cela des problèmes de santé divers et variés, bénins ou alarmants. Maintien à domicile humainement et techniquement impossible. L'EHPAD qui l'accueille semble vouloir refiler la patate chaude à une institution plus sécurisée (entendez fermée), vous comprendrez que l'humeur n'est pas à la joie, encore moins à l'optimisme.

Merci infiniment pour toutes les gentillesses envoyées ici (commentaires) ou là (mails et réseaux sociaux).

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Les trois billets racontant les débuts de ce voyage chaotique et involontaire :

👉 Ma mère en robe des champs

👉 Une courge dans le placard

👉 Des nouvelles du front




lundi

I feel Goudes !


En direct des Goudes. Quartier le plus au sud de Marseille.

Les plus téméraires s'y rendent à vélo. 14 kilomètres du domicile, c'est pas le bout du monde mais pour des sportifs comme nous, c'est un peu le Col du Tourmalet. Et en admettant qu'il nous pousse des mollets de cyclistes et que la route sinueuse soit praticable autrement qu'en jouant à Tetris avec les voitures... les pistes cyclables étant à Marseille ce que le soleil est à Paris : une légende urbaine, que dis-je, une blague Carambar écrite par Martine Vassal (notre Valérie Pécresse à nous). Bref, toutes les excuses sont bonnes pour prendre la voiture !

Ellipse (recherche désespérément place de parking en cette belle fin de matinée un jour férié).

Tractés par le chien qui nous emmène jusqu'au Cap Croisette, nous respirons à pleins poumons l'air du large, nous posons nos sacs à dos chargés de bières et de chips face à la mer, face à l'île Maïre. Au centre de l'île, l'énorme rocher qui culmine à 141 mètres ressemble à une tête de mort qui se serait ratatinée sous le cagnard de millions d'étés. 

Qui sait, c'est peut-être cette figure déformée qui a crié la première l'expression : va te jeter aux Goudes !




vendredi

Le poète vs. le rabat-joie

 

Le poète vs. le rabat-joie 

Un quidam tague un mur marseillais d'un "j'ai été amoureux..." Dans les points de suspension, un océan de questions. L'ai-je été vraiment ? Ai-je été aimé en retour ? Le serai-je encore un jour ? Trois petits points en forme de soupir d'extase ou d'abattement. Le message délivré au passant : soyez amoureux.

Un olibrius lui répond : m'en blc xd. Traduction : je m'en tape le fondement (ou les bijoux de famille, plutôt) avec une patte d'axolotl mâle. Un tag égocentré comme un pet sur une toile cirée.

Un promeneur déclenche l'obturateur de son appareil photo et commente la joute sur son blog.


Mise à jour du 25/3 2024 :

Il semble que quelqu'un, quelqu'une, ait cloué le bec au rabat-joie. En trois lettres. Jugez-en par la photo ci-dessous 👇



lundi

La bobine du chien sur un timbre

 

le timbre et son modèle

Le chien de vingt kilos sur nos enveloppes de vingt grammes max. À destination de la famille, des amis, de l'administration hélas. Mais pourquoi gâcher de si jolis timbres pour des démarches banales, me direz-vous ? Parce que l'affranchissement à l'effigie de son choix n'est pas beaucoup plus cher qu'un timbre basique vendu en bureau de poste. Et que le monde n'est pas plus moche (au contraire) avec la bouille de notre toutou semée aux quatre vents, au hasard de l'acheminement du courrier.

👉 le menu de LaPoste.fr étant assez touffu pour ne pas dire imbitable, voici le lien direct pour commander des timbres personnalisés : lien direct.

vendredi

Blablalab


Même si je m'agace contre l'incompétence du service d'impression de photos et produits dérivés Lalalab* (ils me cherchent, ils me trouvent), je n'ai pas complètement perdu ma journée : j'ai appris le mot petrichor et l'existence d'une page Wikipedia consacrée à la pratique de l'hélicobite


* Vous qui avez demandé à votre moteur de recherche préféré ce que vaut Lalalab, voici mon retour d'expérience : dans mon panier du 14 novembre, des calendriers personnalisés à mettre sous le sapin de mes proches. Je crois encore au Père Noël. 3 semaines passent sans que ma commande ne change de statut. "En cours d'impression" : ils attendent probablement que l'encre sèche, me dis-je benêt. J'alerte le service client à propos de l'anomalie. On me rétorque que ma commande aurait en effet dû me parvenir fin novembre (tu m'étonnes Elton) et qu'on allait créditer mon compte client du montant de la commande ratée. En somme, on m'offre de passer une nouvelle commande chez eux, ce même fournisseur qui a perdu ma confiance. Renouveler la mauvaise expérience. Soit ils ont bu, soit ils ont vu Bernadette Soubirous apparaître en dessous chics dans leur navigateur, soit les deux. Comme j'ai été bien élevé, je dis merci mais non. Et je file chez la concurrence, sans oublier de leur rendre la monnaie de leur pièce, ce billet bien senti. En tout cas, j'attends de pied ferme le remboursement. Lalalab est incompétent mais peut-être pas malhonnête. Wait and see. 

Mise à jour 1er mars 2024 :
Naïf, je m'étais dit qu'avec le temps, Lalalab tiendrait compte des critiques et améliorerait son service. Que nenni. Dommage, car ils proposent des produits sympas et de qualité. Sauf qu'à vouloir réduire les coûts d'envoi pour tenir face à la concurrence, Lalalab a fait appel à un prestataire très doué pour bêcher de l'eau. Résultat, la réception totalement aléatoire des commandes. Conseil d'ami si vous testez Lalalab (si vous êtes masochiste), appelez la personne à qui vous destinez un envoi surprise. Oh bah zut, c'est plus une surprise, me dites-vous. Si vous ne vérifiez pas que le cadeau a été bel et bien reçu, votre ami, tante, cousine ou premier flirt, ne saura jamais que vous lui avez fait un cadeau. Puisqu'il y a de fortes chances pour qu'elle ou il ne le reçoive pas. Ne désespérez pas pour autant. Le service client vous offrira de repasser la commande. Et de repasser pour un nigaud auprès de l'heureuse élue qui n'aura probablement pas reçu ce deuxième essai. Peut-être le troisième si vous avez du temps à perdre. 

Et les Shadoks continuèrent de pomper.