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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

samedi

Vis ma vie d'hôtelier


- Pourquoi vas-tu travailler ? - Pour t'acheter des croquettes, Poulette. 

Je m'efforce de trouver du positif dans cette semaine... compliquée.
Au boulot. Rattraper les erreurs des intérimaires - ils n'y sont pour rien, les pauvres, embarqués dans un navire qui prend l'eau, ils débutent un peu dans l'hôtellerie, n'ont pas le répondant pour assumer le flux continu de clients, de requêtes, d'insatisfaits, pour moucher avec tact les mauvais coucheurs, faire mine de donner le choix sans donner le choix. Essuyer les insultes d'un client parce qu'il n'a pas ce qu'il veut quand il le veut. Garder le sourire, malgré tout. Appeler la gouvernante pour un objet perdu. Pour une cliente qui a vomi dans sa chambre et souhaite qu'on nettoie le méfait. Appeler un taxi pour conduire une cliente aux urgences. S'excuser pour l'attente au téléphone, pour l'attente au comptoir, pour l'attente parce que les ordinateurs rament les logiciels plantent les chambres ne sont pas prêtes. Dire non nous ne rembourserons pas la cliente - elle ne pourra pas honorer sa réservation elle va en prison, me rétorque-t-on au bout de la ligne. Refuser poliment d'aider un client à confirmer son vol de retour sur l'ordinateur parce que je n'ai pas le temps. Ne pas lui dire qu'on est clairement en sous-effectif. Lui dire : "je suis certain que votre épouse sait naviguer sur internet, elle." Désespérer de ne pouvoir servir correctement le client. Correctement, décemment, normalement. Aider, au bout du compte, ce client muni d'une canne, à naviguer sur internet, mais sur un autre poste, car celui du rez-de-chaussée a rendu l'âme. Prendre l'ascenseur avec le client, et sa canne. Rester coincé dans l'ascenseur qui hésite entre premier étage et rez-de-chaussée, avec les sursauts tant redoutés. Rassurer le monsieur à la canne. "Facile à dire," réplique-t-il, flegmatique. Nouveaux sursauts. Appuyer sur la sonnette. Personne. Appuyer de nouveau sur la sonnette. Message automatique : "votre demande a été prise en compte." Au bout de longues minutes, l'ascenseur se résout à nous vomir au quatrième étage. Demander au client de garder l'ascenseur ouvert, avec sa canne, le temps pour moi d'aller chercher un technicien pour mettre la machinerie hors-service. Entendre soudain l'alarme incendie générale - pour une autre raison - qui hurle dans tout l'établissement. Se faire sonner les cloches par la cliente qui n'a pas eu sa bouteille d'eau. Écarter gentiment la dame à l'aide d'un "Madame, nous avons une urgence."

Je m'efforce de trouver du positif dans cette semaine. Je suis vivant, en bonne santé, j'ai du boulot, il fait beau, je rentre à vélo. Mon mec me chante des chansons.




15 commentaires:

  1. La conclusion résume tout, le meilleur se trouve à la fin du billet, ce qui n'enlève en rien la qualité du texte qui précède, et nous ramène à l'essentiel : le plus important c'est le positif.Bravo.

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    1. Merci ! Ça résume ma philosophie de vie : être optimiste malgré tout.

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  2. Tout est dit ! Bravo pour ton optimisme: c'est la clé des petits bonheurs et qu'on savoure en oubliant les moments néfastes !!!

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    1. Pas facile tous les jours. Mais j'y travaille :) Merci pour ta visite, fais comme chez toi, ou presque.

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    2. C'est donc trouver du positif dans chacun de ces moments, pouvoir s'attendrir sur ces personnes qui ne prennent pas le temps de vivre. Etre optimiste, savourer son métier et vivre chaque jour comme s'il était sacré.

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    3. Pour de multiples et obscures raisons (légitimes aussi) on oublie qu'on est en sursis donc vivant. Merci pour ta fidélité à ce blog.

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    4. Vivement la semaine prochaine ;) que je souhaite bondissante et vivifiante. Bises

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  3. Vivement la retraite au soleil hein ! où au moins les vacances, prends soin de toi mon Lolo, la vie c'est précieux et il faut se ménager bisous

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    1. Merci poulette. Comme je doute que ma retraite soit dorée ou même privilégiée je me permets de ne pas l'attendre avec impatience. Bisettes.

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  4. finalement, rien de grave ! le train-train quotidien ! mais que fait le gouvernement ?
    le plus chouette : ton mec sait chanter !!! te rends-tu compte de la chance que tu as d'avoir des roucoulades, comme ça ?
    imagine s'il était muet ! pire : pas d'mec du tout...
    tu soignes ta neurasthénie galopante avec quoi ?
    yves
    je t'en serre cinq, ami.

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    1. Que de questions. 1. Il rame 2. Oh oui je sais ma chance. D'où ce billet. 3. Je la soigne avec un optimisme maladif voire génétique. Sans oblitérer le négatif. Comme tu le dis tout ça n'est que le train-train quotidien. Le plus beau des tableaux ne se conçoit pas sans nuances, sans noirceur. La lumière ne va pas sans osbcurité. 4. Je te serre cinq fois la main itou. Merci de ta lecture et contribution.

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  5. J'adore ta façon de souligner les (bons côtés) des choses !

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    1. Les choses ont presque toujours des bons côtés. ^^ Même ces semaines de temps maussade voire déprimant --> les premiers rayons de soleil reviennent et tout le monde est joie :)

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    2. (sauf les victimes des inondations, j'entends les vraies victimes, celles qui ont perdu maison, veaux vaches cochons)

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  6. Pour moi, vivre l'optimisme c'est ressentir l'élan de l'espoir, comme percevoir le ciel bleu et les rayons du soleil de l'autre côté d'une porte à demi ouverte.
    Et le pied ce serait de me libérer de toute forme de vérité pour pouvoir ouvrir davantage la porte et découvrir les multiples possibilités qui m'attendraient là-bas au-dessus des nuages...

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