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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

Une courge dans le placard


Après le choc, c'est déjà l'heure des accommodements.

Moi qui ai toujours été fervent amateur du théâtre de l'absurde (Jean Tardieu, Samuel Beckett, René de Obaldia pour ne citer que les auteurs les plus connus), je ne m'attendais pas à être ainsi confronté à l'absurde, comme des coups de poings du réel déglingué mâtinés de poésie. D'incessants allers-retours entre le drame que vit ma mère et l'incongruité de certaines situations, de certains dialogues. Ma mère hospitalisée qui insiste pour faire de l'accrobranche avec sa sœur Janine. Ou qui se fait gifler par un collègue d'infortune, un voisin de chambrée. Vérification faite auprès du personnel soignant, il y a bien eu gifle la semaine dernière. Par un résident anglais qui s'immisçait hier dans la conversation, malgré lui. La porte de la chambre de ma mère n'était pas fermée à clé. Il voulait faire pipi. Ma mère n'y voyait pas d'inconvénient, elle l'y autorisait. Allez savoir pourquoi. No, get out, I don't speak English, rétorquait ma sœur à l'intrus par ailleurs britannique de naissance et peu disert en français. J'étais témoin de l'échange lunaire en visio via Whatsapp. Ma sœur et ma mère étaient sorties du champ, je les entendais parlementer puis fermer la porte avant de reprendre nos échanges décousus du jour. 

Quand ça n'est pas l'Anglais, c'est une voisine, tel un coucou, qui s'incruste et s'assied sur le lit de ma mère. 

On n'est pas au bout de nos surprises...


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Illustration : chez elle début mai, je cueillais des fraises puis une rose de son jardin pour les lui apporter à l'hôpital. Je ramassais aussi les œufs des poules de son potager. Toutes choses quotidiennes, essentielles, agréables, auxquelles elle n'a plus accès. Alors que le personnel soignant naviguait encore à vue, je découvrais des colis reçus mais pas ouverts, sous l'évier de la cuisine, ou encore, une courge dans le placard.

Billet 1 👉 Ma mère en robe des champs

Billet 2 - vous venez de le lire😉

Billet 3 👉 Des nouvelles du front

Billet 4 👉 2 tortues qui s'enlacent


6 commentaires:

  1. J'espère que tu pourras lui donner à distance des petits moments de tendresse dont tu auras le secret.
    Des bises encore

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    1. Merci encore pour les bises. Et des bises en retour 😘

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  2. Plein plein de pensées, de courage, et de sourires parce que quand même il faut

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    1. Merci pour les pensées <3 les sourires sont essentiels :)

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  3. Un petit bonjour pour toi, ton pote et ta famille. Tout plein de douceur en ce mois de juillet

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