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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

lundi

Le moelleux au chocolat de Juliette à Saint-Germain-des-Prés



Avertissement
Ce billet de blog contient poncifs, clichés et bons sentiments susceptibles de choquer le lecteur. Toutes choses basées sur des fais réels.  


Les colonnes des journaux résonnent trop souvent du mal-être au travail pour que je n'apporte pas aujourd'hui ma contribution... positive. J'ai côtoyé des salariés que le travail rendait physiquement malade. Et un bon paquet. J'ai croisé des collègues en larmes, au bord de la dépression nerveuse, des employés exploités servant de paillassons aux exigences de patrons tyranniques et/ou incompétents.

J'ai mis longtemps à comprendre et accepter que l'employeur idéal n'existait pas. L'employé idéal n'est d'ailleurs pas plus palpable. 

Questions à 100 balles et une barre chocolatée : une des racines du mal-être au travail ne serait-elle pas l'abîme séparant nos aspirations de ce que l'on appelle communément le terrain, la réalité ? Ne sommes-nous pas fatalement destinés à nous fracasser la mâchoire sur ce fossé ? Est-il possible d'envisager un travail dans son acception la plus simple de la tâche à accomplir sans exiger qu'elle nous épanouisse ?

Je me suis réconcilié aujourd'hui avec le monde du travail. Rien que ça. 

Arrivant au terme d'un contrat de 3 semaines au sein d'un joli hôtel 4 étoiles à Saint-Germain-des-Prés, j'ai vogué de surprise en surprise. Oh rien de magique ni d'exceptionnel. Des attentions, un café apporté avec le sourire, des comment-ça-va-ce-matin, une tâche que l'on terminait à ma place, une pause qu'on m'accordait, me forçant presque manu militari à sortir déjeuner, un pot de départ et j'en passe des vertes et des incroyables.

Je n'oublierai jamais la femme de chambre sous le choc de la nouvelle de mon départ. L'expression ahurie sur le visage du bagagiste, déçu. La mine fière et enjouée de l'apprentie arrivant les bras chargés d'un moelleux au chocolat mitonné à deux heures du matin et séparé en 12 tranches égales. Mais quoi ? Je n'allais pas partir avec roulements de tambours et annonces solennelles. Je n'étais qu'un intérimaire passant par là.

Mais abîmé par des expériences professionnelles difficiles, j'ai pris toutes ces attentions comme des cadeaux. 

Ce matin, à la réception, un client débarque, darde sur mon apprentie et moi un regard étonné, presque suspect. Il demande : 
- Pourquoi vous souriez comme ça ?
La réponse naïve a jailli toute seule :
- Parce qu'on est contents de travailler ici. 


17 commentaires:

  1. Tout ce que je peux dire- et depuis que je lis ce blog, il me semble patent que j'ai travaillé dans des quartiers et des univers parallèles- c'est que souvent le travail, même dans le monde du luxe, est usant; que la clientèle, même haut de gamme est souvent pénible... seulement, depuis que je ne travaille plus, les relations, la chaleur qui sont l'autre versant de la colline, me manquent terriblement...
    Une exilée...

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    1. Je me permettrais juste cet avenant à ton commentaire :) ça n'est pas seulement le monde du travail ou du luxe qui est usant. La "vie" est usante. Nous sommes de misérables petites piles alcalines qui nous déchargeons à mesure. (voilà voilà, c'était la métaphore-philosophie de bazar du jour, bonjour). Si la chaleur humaine te manque, viens donc te frotter au monde associatif... y a du boulot :) mais tu t'en doutes. (Ceci dit, merci pour ta fidélité à ce blog).

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    2. Je ne trouve pas la vie usante et le monde associatif n'est pas aussi chaleureux que je l'imaginais avant de le connaître...
      Ou alors je suis une indécrottable snob et c'est le 8° arrondissement de Paris qui me manques LOL

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  2. Plein de bises.
    En te souhaitant un nouveau contrat à cet endroit ou dans un autre du même genre.

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    1. Merci !!! et des bises en retour. CDI signé ce matin, dans un "pas du même genre" mais où je m'attacherai à trouver l'humain.

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  3. Vu le moelleux hier sur facebook et ... contente d'en savoir plus aujourd'hui sur ce (petit) bonheur d'une journée qui n'aurait pas vraiment dû être bonne !
    N'oublie pas de dire à Juliette qu'elle apparait sur ton blog ! Elle en sera fière !
    As tu des projets ? Tiens nous au courant !
    Que ces fêtes soient bonnes pour toi et les tiens Laurent !
    Sophie

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    1. Pour les détails --> message privé sur FB, mail, ou téléphone :-)
      J'hésite encore à donner à lire à ladite et charmante Juliette. Discrétion oblige. Je vais certainement lui glisser un petit mot tout bientôt.
      Je te souhaite à toi et aux tiens de douces fêtes.

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    2. Cher Laurent,
      J'ai appris l’existence de ton blog par Marie et j'en suis ravie, je te remercie pour cet article qui fait chaud au cœur ! Mais surtout pour tes sourires et ta gentillesse au cours de ces semaines certes brèves mais agréables...
      Ton apprentie :)

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    3. Chère Juliette ^^ Ravie que ce billet ait non seulement plu à quelques milliers de lecteurs et au marmiton qui m'a si bien dit au revoir. J'espère que la vie t'est douce et l'avenir clément. Je t'embrasse.

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  4. Bravo pour ta réconciliation avec le monde du travail ! Certes, il est difficile de concilier les natures humaines (employeurs, employés) et de créer une équipe, mais gardes des yeux d'enfants, sois vigilent à toutes les belles attentions d'une journée, les sourires ... et je reste persuadée que tu retrouveras un poste où tu t'épanouiras simplement.

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    1. Concilier les natures humaines est, je te l'accorde, affaire complexe, souvent impossible. Quant à conserver mon regard d'enfant, j'y travaille. C'est une seconde nature, d'ailleurs, que je tâche de cultiver. Merci pour tes passages par ici.

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  5. Moi qui ne suis pas du matin, malgré des horaires variables possibles, partais avant 7h pour être là à l'arrivée des premiers et assister autour du café et des gâteaux (achetés à tour de rôle) à "la Réunion" informelle des lèves tôt où nous parlions de tout et même de nos dossiers.Une directrice adjointe à essayé de l'interdire; jusqu'à ce qu'elle se rende compte que non seulement cela soudait, l'équipe mais que, sans nos chefs (pourtant invités mais qui "eux avaient du travail"!), cela permettait de régler certains dossiers difficiles.

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    1. MERCI pour cet exemple très parlant de la réunion informelle et indispensable.

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  6. J'espère pour toi que la suite se déroulera dans d'aussi sereines conditions. Plein d'ondes positives pour cette nouvelle aventure :)

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    1. Tes ondes ont été utiles. Je n'éprouve depuis quelques semaines aucun stress et ça, c'est une révolution. Je compte bien continuer sur cette lancée. By the way, merci pour le cadeau.

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  7. Simplement beau. Belle année et raconte toujours où tu "trouves l'humain". Bises

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