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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

Irène

J'évoquais succintement mon nouveau boulot dans mon dernier billet tartiné d'huile solaire. Aux antipodes du métier que j'ai exercé pendant une quinzaine d'années, avec plus ou moins de bonheur et une foultitude d'anecdotes que j'ai glissées parmi les 344 billets que compte ce blog. Ma nouvelle occupation contre salaire me plonge dans l'univers informatique ground zero. Au contact des utilisateurs. Par téléphone et par mail. Je traduis en termes techniques les problématiques quotidiennes rencontrées par le quidam pour un employeur que je nommerai la Firme. Et c'est souvent savoureux. Jamais je ne me moque. Je dis à la personne qui m'appelle pour la secourir et qui s'excuse de ne pas trouver les mots ou les références : 

– Chacun ses talents, madame. Donnez-moi l'adresse IP de votre poste. Passez votre souris sur l'icône bleu en bas à droite, à gauche de la date et l'heure.

– Vous parlez de l'émoticone Teamviewer ? 

L'émoticone. C'est tellement mignon que je me le note pour plus tard, sans relever l'erreur auprès de mon interlocutrice. C'est sa façon à elle de désigner des outils qu'elle ne maîtrise pas et ça me va. Nouvel appel :

– J'ai besoin de vous, me dit une dame que je devine très très souriante.

Nous échangeons à propos de son urgence. Je prends la main sur son poste. Je lui demande de se déconnecter de sa session puis de se reconnecter à nouveau. Du temps (comme on dit ici), on papote. 

– De quoi voulez-vous qu'on discute ? 

– Eh bien, par exemple, je peux vous dire que je connais désormais une Irène sympa. 

Je l'entends rougir :

– Oh, merci ! Mais pourquoi ? Qu'a donc la Irène pas sympa que vous connaissez ? 

– C'est le genre aigri. À ne sourire que si elle se coince les doigts dans la porte. 

On rit. Je parviens à la dépanner. Elle se confond en remerciements, on se dit que la vie n'est pas si moche après tout.




4 commentaires:

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Et le tour est joué. Elle est pas belle, la vie ?