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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

vendredi

Cinq courgettes bio et un citron en plastique

Aujourd'hui j'improvise "pour de bon" comme ils disent souvent à Marseille. Ils disent "pièce" pour serpillère et "cafoutche" pour débarras. Je me lance* et j'écris un mot après l'autre, au fil de l'eau et des pensées. Vautré Confortablement installé dans le canapé "de jardin" posé sur la terrasse côté calme, exposition sud-est (merci l'application tenant lieu de boussole, ah voilà un outil qui m'a toujours fasciné et accompagné dans mes visites d'appartements ; je constatais un plein nord quand l'agent immobilier vantait une exposition est-ouest, et mon cul c'est du poulet de batterie ?), le soleil jett* ses derniers rayons sur le figuier abritant votre serviteur. Le "serveur tête en l'air", rigole-je ce matin auprès de mes clients quand ma langue fourche et que j'appelle Madame Monsieur ou lorsque je sers un thé au lieu d'un café ou quand je leur fais répéter trois fois leur commande parce que je suis contrarié (un client m'a pourri ma matinée mais je vous épargne le récit du litige). 

Au détour d'une omelette fondante, je papote et vante les mérites de ma ville d'adoption.

— C'est moche un peu quand même, Marseille, s'aventure à me dire une dame (on a sympathisé, je lui ai avoué mes origines ou plutôt mon passif parisien ; on a ri de la petite guéguerre que se livrent les habitants de deux métropoles).

— Ça n'est pas Florence ni Venise, mais il y a des coins très très sympas. 

Je cite le Mucem, les quartiers du Panier, le Cours Julien, la Corniche, Malmousque, le Frioul à une demie-heure en bateau, un plouf, un pique-nique dans une crique avec pour seule compagnie, les gabians, ça en jette*.

— Ici, continue-je, après le boulot, vous savez, je peux aller voir la mer.

— Votre mère habite Marseille ? 

Fichu masque qui nous empêche de nous entendre. Mais ça nous fait rire. 

— Non, pas ma mère. La mer. Méditerranée. Remarquez, y a aussi la Bonne-Mère. La Belle-Mère comme m'ont dit un jour des clients. Vous y avez été ? La vue est spectaculaire. 

— ... (elle se délecte du pain perdu à la fleur d'oranger que je lui ai préparé).

Hélas, nous avons dû écourter la conversation. Parce qu'elle avait à faire. Et j'avais une vingtaine d'autres clients à accueillir. Elle prend congé en me lançant* :

— C'est vous aux petits déjeuners demain matin ? Chouette. Ça va me motiver pour me lever tôt.

Comme c'est gentil. 

Sans transition, vous allez me dire :

— Mais c'est quoi cette illustration de billet de blog ?

— Je vous raconte ça demain. 


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✍️ Mes billets Inktober 2020 👈


2 commentaires:

  1. Voir la Méditerranée tous les jours, si c'est pas ça, le bonheur...

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    1. Un minuscule bout depuis quelques chambres quand je monte aider les filles et un bout de mon balcon côté rue en me penchant un peu, et un vrai bout quand je vais voir la mer, pas tous les jours, mais pouvoir le faire, oui ça s'approche du bonheur :)

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