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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

samedi

Pauline et les clémentines

j'écrivais un billet de blog sous l’œil dubitatif du petit

Le contact s'est fait le jour où je lui ai proposé de choisir mon numéro pour la tombola, en décembre dernier. C'est une employée de l'épicerie en bas de chez nous. Pour 2€, je participais au tirage au sort qui me désignerait peut-être comme l'heureux gagnant du panier garni de douceurs, fruits, légumes, vins spiritueux. 

— Quel numéro souhaitez-vous ?

— La date de votre anniversaire.

Depuis, on papote. Elle se plaint du vent glacial qui traverse l'échoppe de part en part, de son mal de dos. Jamais avec vindicte. Toujours avec douceur, c'est comme ça, et des questions banales qu'elle m'adresse penaude mais sincère, humaine. 

Alors qu'elle pose mes clémentines sur la balance, son téléphone sonne. Elle écourte l'appel mais j'entends le "je t'aime" qu'elle offre en guise d'au revoir à la personne au bout du fil. Toute fondante, elle s'excuse presque :

— C'est mon fils. Je n'ai que lui. C'est ma vie. Vous avez des enfants ? 

— J'ai un chien. 

— Et votre copine ? 

— Mon copain ? Non plus. On a choisi de ne pas perpétuer la race humaine. 

Elle rit. 

Au détour d'une plaisanterie, j'apprends qu'elle est corse. 

— Comme vos clémentines.

Nous continuons d'échanger. À propos de la barbe de hipster de son fils, de sa belle-fille jolie comme un cœur, de l'hôtel 5 étoiles qu'ils tiennent sur l'île de beauté, de la grasse matinée qu'elle attend avec impatience. Je pense à Florence, ma pharmacienne, qui de sa voix flûtée, évoque son séjour à Bordeaux, qu'elle découvre, merveilleuse. Je pense à Amélia, la vendeuse de chez Weldom, toute fière de la parution dans la presse du billet qui l'évoquait 👈 Je pense que je n'ai pas gagné à la tombola. Je pense malgré tout que je suis riche des rencontres, des conversations, des sourires, même furtives, même légères, même timides. 



9 commentaires:

  1. « On a choisi de ne pas perpétuer la race humaine». Je vais te piquer cette réponse, je crois bien :)

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  2. Tu as raison, Laurent : nous sommes, toutes et tous, d'abord riches de nos relations humaines !
    Merci, une fois de plus, pour ce billet si doux...
    Bisous bruxellois.
    Ben

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    1. Oui, nous sommes des animaux sociaux. Merci de ta visite et un doux week-end à toi 😎

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  3. Très jolie rencontre et même si je suis maman de une, je suis plutôt d'accord avec ton choix... 8 milliards... autodestruction en marche...

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    1. Salut Carole 😘 Commenter chez les copains, sur des plateformes distinctes, et même de Blogger à Blogger, c'est un peu galère, j'avoue. À propos d'être parent ou pas, ça ne me manque pas, humanité en perdition ou pas.

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  4. Tout pareil que ta conclusion ❤️

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