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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

jeudi

La diva maquillée comme un camion



C'était mon premier concert de "musique classique contemporaine"  le terme est absurde : comme si on voulait coller la même étiquette, pour faire une analogie aussi approximative avec la "chanson française", sur Carla Bruni, M, Michel Sardou, Jenifer, Christine and the Queens ou Cindy Sander. Bref. C'était au Studio 104 de la Maison de la Radio, le festival Présence "Les Deux Amériques".

C'était... captivant, intéressant. Les deux premiers morceaux, surtout. Michael Gordon et son Cold. Benjamin de La Fuente et son On Fire, foisonnante, énergique et hirsute partition sur le texte (en français) de Malcom X. Le reste, était à mon sens, anecdotique. J'ai surtout apprécié d'écouter de près l'Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par Joshua Dos Santos. Orchestre, organisme vivant respirant et rugissant sous mes yeux ébaubis.

L'enfant de 4 ans que je suis parfois s'est attardé à observer trois ou quatre détails :

Le bas filé de la violoniste tirant une tronche de quatre kilomètres avant pendant et après le concert
Les souliers vernis de l'altiste qui gigotent sous sa chaise
Les percussionnistes faisant le grand écart entre le triangle, le gong et les cloches de vaches
Les grosses traces de doigts sur le piano Steinway
Le pianiste altruiste qui fait des signes à sa tourneuse de pages dépassée par la modernité de la partition
La violoniste citée plus haut qui éternue à plusieurs reprises, qui toussote aussi  une voix enregistrée interdisait pourtant de tousser pendant le concert 
La raie des fesses dépassant généreusement du pantalon du technicien pendant le changement de plateau
La diva américaine maquillée comme un camion qui, plus tard au restaurant, mange son burger et ses frites avec les doigts sous l'œil placide du directeur de la programmation

Et pendant que mon ami pianiste s'absente de table, la soprano-au-burger m'adresse la parole :
 Vous êtes un ami de Wilhem ?
Je me mords les lèvres pour ne pas lui répondre :
 Non. J'avais faim, je passais dans le quartier, j'ai vu qu'il restait une place à votre table et je me suis installé.


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Vous pourrez écouter ce concert (et entendre éternuer la violoniste bougonne) lundi 23 février 2015 sur France Musique à 20h dans les Lundis de la Contemporaine



7 commentaires:

  1. autrement dit ça ne t'a pas passionné ! sinon tu n'aurai pas remarqué tous ces détails si tu avais été enchanté et emmené dans les rêves par la musique

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    1. Tu sais, pour avoir été de la partie, je m'évade souvent dans un spectacle, et pas là où le metteur en scène ou metteur en musique voudrait qu'on aille. Par ailleurs, je souscris totalement à la théorie de Peter Brook explicitée dans un de ces ouvrages : "Le diable c'est l'ennui."

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  2. huhu — hu et pété de laule.

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    1. Ravi de t'avoir fait rire. Tu tendras l'oreille le 23 ?

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  3. Arf ! on dirait moi quand j'assiste à des pestaques de théâtre ! Hi hi hi…!

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  4. Merci pour ton regard, ton rire et ta fidélité à ce blog :-*

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