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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

samedi

Tu tires ou tu pointes ?

Philippe Geluck - Pétanque. Vitre brisée. 

Ce blog fête ses 670 000 visites. Incessamment sous peu : nous avons affaire à un pléonasme, comme au jour d'aujourd'hui est une tautologie au même titre que l'expression monter en haut ou descendre en bas, quoiqu'il est possible de monter en bas de laine ou de viscose et de descendre en haut rayé ou en négligé de soie.

C'était la minute Maître Capello. Que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Comme ils ne peuvent pas connaître le temps où les blogueurs communiquaient entre eux, se rencontraient, se roulaient par terre de rire ou d'ivresse. Se défiaient aussi. Se traitaient de noms d'oiseaux et se rabibochaient.

Chouyo est à l'initiative de ce billet. Vedette* de la blogosphère qu'un concours de circonstances a mise un jour sur ma route, rue Marie-et-Louise à Paris. Quand j'étais parisien.

Aujourd'hui marseillais depuis presque cinq ans, je vous narre des bouts d'anecdotes :

Anecdote.

Marseille. Métro Cinq Avenues, je me faufile et me glisse dans la file d'usagers achevant leur trajet en métro. Chacun sur sa marche d'escalator. À droite, généralement. Les plus pressés dépassent à gauche. Parfois ça bouchonne. J'approche du bouchon en tête duquel une dame, la soixante-dizaine à l'allure pétulante marmonne. Les gens devant moi lui demandent courtoisement de se décaler sur la droite pour laisser la voie. Elle refuse et continue de bougonner. Bouche bée et néanmoins stoïques, mes co-voyageurs et moi-même atteignons le parvis à l'extérieur. Je ne peux m'empêcher de commenter à voix haute : "Moi je, moi je, moi je... Les autres n'existent pas pour cette dame."

Elle se retourne et me jette un argument en béton armé : "S'ils sont pressés, qu'ils prennent l'escalier central.
- Oui oui, les soixante et quelques marches. Vous pourriez simplement vous décaler, non ?
- Non.
- Mouais, vous vous en fichez des autres.
Et elle me balance un "je m'en bats les couilles" dans les gencives.
- Comme c'est élégant, dis-je.
Elle éructe et nous offre de nouveau son "je m'en bats les couilles", sa marque de fabrique qui laisse les gens alentour sans voix ou hilares.

Anecdote.

Au Monoprix boulevard de la Blancarde, le vigile fatigué pose sa tête sur l'épaule amie de la chef de caisse. Il surprend mon regard et se ressaisit, non sans m'adresser un clin d'oeil complice.

Anecdote.

Mon homme et moi-même dormons fenêtres ouvertes car il fait chaud. Il arrive qu'en bas, dans la rue, on s'invective, on klaxonne, on** partage sa musique au gré de son voyage en voiture, on croit que la ville est un décor de cinéma en carton pâte, sans habitants. Mais rien de bien méchant. Sauf que cette nuit-là à une heure du matin, un bruit étrange me réveille, un bruit métallique assortis de borborygmes. Je me lève, ensommeillé et néanmoins irritable - le réveil est attendu quatre heures plus tard. Je m'accoude au balcon et constate. Au bar PMU habituellement calme, ça joue à la pétanque, ça dit je suis l'arbitre, si ça bute tu paies ta tournée, ça pointe et ça tire sur les barres en fer qui empêchent de se garer, ça joue aux boules sur la voie publique. Et le sommeil gâché, j'échafaude des scénarios vengeurs où les voitures passant par là leur rouleraient dessus et qu'en plus de la police municipale dépêchée sur les lieux, une ambulance attendrait de prodiguer les premiers secours à nos boulistes noctambules.

La police les a calmés. Le bar PMU a baissé le rideau de fer. Et votre serviteur s'est rendormi.

Fin des anecdotes.


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* et auteure de 240 pages publiées chez Stock : Prof jusqu'au bout des ongles.
** les gens balek comme la dame à l'allure pétulante, mais l'habit ne fait pas toujours le moine ni la dame bien élevée.
*** illustration : Philippe Geluck ©

23 commentaires:

  1. tu sais bien que les blogueurs parisiens continuent à se rencontrer régulièrement , à discuter, à rigoler, parfois à s'engueuler, mais toujours avec amitié ! et même, les fadas, ils s'organisent des vacances ensembles ! et même certains viennent de Marseille pour y participer, incroyable non ? mais que font donc les blogueurs Marseillais !

    félicitations pour ce succès bien mérité pour ton blog et gros bisous ma poule

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    1. Merci ma grande ^^ Oui, je sais, te lisant régulièrement, que vous festoyez entre vous, et je trouve ça chouette, même si je ne peux me joindre à vous. Bises. Lolo

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  2. Et bien je ne m'en bats pas les .ouilles de tes 500.000 visiteurs 😵 je suis même plutôt bluffée et je me rejréjo de ce succès merimé. Je te l'ai dit olusplusi fois tu as une écriture acidulée, percutante et qui fait mouche à tous les coups ✌. Ravie de lire cette chronique marseillaise qui fleure bon le soleil et les embruns. À bientôt pour d'autres aventures. Je te fais une bise de l'Ouest.

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  3. Je me réjouis..
    Mérité ..
    Plusieurs..
    pardon

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    1. J'avais corrigé de moi-même, t'inquiète pas, va. Merci pour ta fidélité et ta lecture avisée. Bise de Marseille sous le chant des cigales.

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  4. Moi j'aime bien quand tu racontes ndes anecdotes

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    1. Comme quoi, finalement, les boulistes ont bien fait de perturber ma nuit... Merci pour ta visite ^^

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  5. Tchin!
    Toujours aussi savoureux de te lire 😍
    On veut encore plus d'anecdotes!
    Bises à toi,
    Et re-tchin, pour fêter tes succès (j'attends le livre avec impatience)

    Fanny

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    1. Tchin ! Fanny :) Je gardais ce petit billet de derrière les fagots pour te consoler de ton retour de voyage. Bises itou :-***

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  6. Comme chaque fois, une saveur particulière dans tes mots et un plaisir non dissimulé à te lire ;)
    Merci Laurent !

    Ben

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  8. Je vois que certains prennent très au sérieux leur rôle de justicier dans les nuits chaudes... et tu as bien eu raison ! Très sensible au bruit, je rêve aussi de choses mauvaises et fourbes et apocalyptiques quand j'entends pétarader les trop nombreux scooters et motos ou démarrage en trombe de voiture sous mes fenêtres...
    Quant à la chanson choisie... MAIS OUAAAAAAIS !!!

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    1. Mon homme m'empêche de m'époumoner sur toutes les tanches qui n'ont jamais entendu de leur vie les mots savoir-vivre, altérité, respect. Les journaux sont emplis de faits-divers de gens se faisant tabasser par ce que j'appelle des cafards. De malheureuses victimes ont tenté d'expliquer à ces tanches qu'il ne fallait pas jeter ses mégots par terre, ou rouler à contre-sens etc etc etc. Ils ont fini à l'hôpital ou au cimetière. Bref. J'ai préféré appeler qui de droit (la police municipale) et depuis, calme plat au bar PMU, pourvu que ça dure. C'est la ouate que je préfère... ^^

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  9. Alors la barre est franchie ? Bon dimanche en tout cas et tchin... Bises

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    1. 500 799 :) Doux dimanche à toi ma grande et tchin itou. Bisous

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  10. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  11. Félicitations pour la barre des 500 000 visites, atteinte.
    Comme beaucoup ici, j'apprécie votre prose, narrant avec délice les histoires du quotidien. Encore bravo !

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    1. Merci Jean-François ! Vos encouragements, vos commentaires enjoués, me confortent dans l'idée de poursuivre ce blog et d'y consigner mes petites histoires. Écrire, c'est vital, savoir qu'on est lu et qu'on n'écrit pas dans le désert, c'est génial ^^

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  12. Coucou Laurent ! Du négligé de soie à "c'est la ouate" il n'y a qu'une marche (pas besoin d'escalators). 500.000 bravos ! Félicitations. C'est mérité. A bientôt et au plaisir de te lire. Véronique

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    1. Coucou Véro, pas besoin d'escalator mais de climatisation même habillé de soie ^^ Merci pour ta lecture & baisers moites de Marseille. Laurent

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