Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

Bye bye Twitter

 


Tout le monde (une niche, un microcosme) en parle. J'y vais aussi de ma bafouille. Elon Musk voudrait couler l'entreprise emblématique qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Ça lui a pris comme l'envie de 💩. Changer définitivement le nom de l'oiseau bleu en X. Hisser une gigantesque enseigne lumineuse au sommet du siège californien en dépit de règles élémentaires dont il se dispense volontiers, chantre du libertarisme qu'il est. Donner au réseau social le nom de sa lubie bancaire. Sans oublier de remercier les 2/3 du personnel. Les journalistes n'en peuvent plus d'ajouter "rebaptisé Twitter" lorsqu'ils évoquent X dans un article. La sauce ne prend pas. L'application plonge au tréfonds du classement des apps les plus téléchargées. Musk se reprend et ajoute, à l'arrache, "anciennement Twitter". Il déclare envisager un accès payant. Une modique somme pour l'aider à lutter contre les robots (Gif du lapin de six semaines qui affiche une moue dubitative).

Je ne donnerai pas un centime à cet olibrius. Non parce qu'il est imbécile. Son tweet sur Kikalaplusgrosse entre lui et Zuckerberg n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Plutôt parce qu'il est dangereux : sans parler de ses prises de position pour le moins problématiques, il offre une plateforme débridée à la haine en ligne, il facilite la propagation de tweets racistes, homophobes, conspirationnistes.

J'ai tweeté pendant 15 ans. J'ai échangé, papoté, me suis écharpé, rabiboché, ou pas. J'y ai fait de belles rencontres, des amitiés. J'y ai aussi glané de la visibilité pour ce blog. Je m'y suis informé. 

Mais la coupe est pleine. Plus d'une fois, je me suis surpris à vouloir donner des coups de pelle à la volée. À lever les yeux ci-haut d'agacement qu'ils manquaient sortir de leurs orbites. À désespérer de la bêtise humaine, navré de voir les gens se taper dessus à coup de tweets pour imposer leur inébranlable point de vue. Désabusé face à ceux qui harcèlent et aboient le plus fort et en meute.Tout ceci facilité par le modèle économique choisi par Elon et ses gens.

Je ne suis pas naïf. L'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs. Mais j'ai choisi de ne plus me salir les yeux, les mains et le cerveau en fourrageant dans la boue, pour ne pas dire la merde, pour y trouver les pépites, les bonnes nouvelles, la légèreté, le dialogue, la nuance et, osons le mot, la bienveillance. 

Pour conclure ce billet d'humeur, je copie-colle (je fais ce que je veux, c'est mon blog) les mots que m'avait confiés la très vieille dame à l'arrêt Paulette :

 — Il ne faut pas dire des méchancetés sur les gens. Il faut se mordre la langue plutôt que de dire du mal. Le mal, il sort de votre bouche et il abîme le monde. Il faut être bienveillant, et se mordre la langue quand on veut dire du mal, répète-t-elle en fixant sur moi ses yeux d'un bleu clair qui ont vu quatre-vingt-quinze ans de gens, d'histoires et de choses.

 

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* Illustration : cliché pris sur le parvis du Mucem à Marseille, fin août 2023 ; le message de @uncoeurdeplus tombe à pic. 

* Si vous n'avez pas testé Bluesky, l'alternative gratuite pour le moment sans pub et sans algorithmes qui puent des pieds, et que ça vous chante d'essayer, bien sûr, j'ai des codes d'invitation 🎁 

* Mon compte Bluesky 👈

* Le papier de Jean-Marc Proust dans Slate 👈 il énumère et détaille point par point les raisons qui m'ont fait quitter définitivement le réseau à l'oiseau bleu.

19 commentaires:

  1. Il y a déjà un bail que ma confiance va au blog plutôt qu'à ses "saints" sociaux qui ne sont plus que des machines emballées follement et ont perdu toute mesure. J'y ai gagné en santé. Et je continue de rester, même si très épisodique, en contact avec ces amis de la toile, comme toi, avec tendresse toujours ~ je sais où te retrouver, c'est ce qui importe.

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    1. Ravi de te savoir dans les parages, si loin si proche. Et qu'il y ait des personnes qui ne répondent pas aux sirènes des réseaux sociaux me réconforte, moi qui suis addict à ces machins.

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  2. Ah Twitter (X j'ai du mal, je pense porno tt de suite !) plus ça va, moins j'y vais, ça devient un cloaque infernal, mais je vais me faire un plaisir d'y partager ton lien :-)

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    1. Un cloaque, tu m'ôtes le mot de la bouche. Merci de ta visite et du partage chez l'autre cornichon. Grâce à toi, un petit coucou amical à mes ex-abonnés.

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  3. (pardon, on ne se connait pas, je lis en silence d'habitude)
    Twitter, je l'ai quitté avant le rachat. Je n'en pouvais plus déjà, je désespérais d'y trouver de la gentillesse (je rejoins ainsi Paulette) et ma conclusion fort simple a été que je n'étais pas faite pour les RS (les années passant, c'est la bonne conclusion). Du coup, je doute tout autant de Bluesky. Je m'étais installée fut un temps sur Mastodon, qui a connu son temps de bienveillance (avant que la masse...).

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  4. J'aurais pu signer, tout de même... le commentaire au-dessus, c'est le mien XD

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    1. Je me réjouis toujours de constater qu'il y a des lectrices, des lecteurs, qui viennent ici, lire et repartent à pas feutrés. Merci Luciole pour ton commentaire et toutes tes lectures silencieuses 😘

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  5. Coucou les amis,
    Je voudrais te rassurer tout de suite. Je n'ai jamais eu d'adresse dans ce machin. J'ai juste une page de sa concurrence qui ne me sert qu'à profiter des amis (les vrais) quand ils sont en balade.

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    1. Coucou itou, comme quoi, c'est pas indispensable 😁

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  6. Je n'aime pas quand des confrères et néanmoins amis font des bons billets au sujet des réseaux sociaux.

    1. Je suis obligé d'allumer mon vieux PC (qui est en Bretagne donc indisponible quand je suis à la capitale) pour commenter.
    2. Ca m'inspire pour faire un billet pour y répondre...

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  7. Tant que tu restes ici tout va bien :)
    Bonne soirée Bises

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  8. Passer ici me donne (entre autres) l'occasion d'admirer les "service trois fraises" du toutou 😄
    Idem, quasi 15 ans de pioupious, c'était un peu bizarre de refermer la porte dessus et de tourner cette page-là... mais ça me semble sanitaire, maintenant, c'était donc la bonne décision, je pense que tu ne regretteras pas grand chose non plus...

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    1. Oui, on a fait le bon choix. On s'épargne ainsi quelques suées. La bise en passant 😘

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  9. Bon… ce billet m’avait échappé…
    Je crois pouvoir dire aujourd’hui que la seule raison pour laquelle j’y suis et que j’y reste, c’est pour le taf et pour les luttes qui m’animent.
    C’est pas très rationnel. Je pose 3 tweets et je me casse. Je ne scrolle plus et je n’interagis plus trop non plus.
    Nico a raison : c’est un beau billet !
    (C’est Elo)

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    1. Coucou Élo, je serais bien gêné aux entournures s'il fallait que je tweete pour le compte d'associations ou de clients... Bon courage 😘

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  10. Bonsoir, j'avoue que Twitter qui devient X, cela m'est complètement égal parce que je ne suis sur aucun réseau social et je m'en porte très bien. Mon blog me suffit. Bonne soirée.

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    1. Tout dépend de l'usage de chacun des réseaux sociaux, être aux premières loges de l'information, papoter et découvrir, mais il reste heureusement les blogs pour approfondir. Merci pour votre visite. Bon week-end

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