Pages

Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

lundi

Le colis sur un tabouret en moumoute orange

Notre Colis voit du pays :
1. Chez notre épicier
2. Censé arriver près de chez notre amie
3. Là il sera finalement livré
4. Là où nous prendrons un chocolat chaud (ou une bière, ou un pastaga)

Zut. Je m'aperçois que l'illustration et la légende ont divulgaché* le billet qui suit. Tant pis. Qui m'aime me lise.

J'ai l'habitude de confier mes colis à mon cher épicier. C'est la voie que je destine à mes cadeaux de Noël et d'anniversaire (quand j'y pense). C'est économique, c'est pratique. Quand ça fonctionne.

J'étale sur le parquet de la chambre d'amis le papier cadeau orné de homards, les rubans colorés, le scotch fantaisie, la carte et les feutres de couleurs. Au son de Eurythmics sur ma platine disque, je prépare un paquet pour l'amie Mireille dont c'est l'anniversaire le 16 novembre. Nous sommes le 9 et dans les temps. La petite Kimberley m'apporte son poulpe en peluche — elle n'apprécie pas que je joue sans elle.

Comme notre imprimante a consciencieusement assimilé l'obsolescence programmée voulue par Epson pour ne pas les citer (l'association HOP fait un travail remarquable sur le sujet : lien), nous optons pour le QR code qui nous exempte de l'impression d'une étiquette et remettons le paquet à Joseph qui tient la boutique en bas de chez nous ce samedi soir. Nous avons bon espoir qu'il parvienne à destination le samedi d'après. On a de la marge. On suit sur la toile le voyage du paquet dans les méandres de Marseille, dans les tuyaux de Relais Colis, ses intermédiaires (transporteurs) et ses sous-traitants et ses sous-traitants de sous-traitants.

Vendredi, soit une semaine plus tard.
Le 15 novembre à 15h18 : votre colis est arrivé à l'agence de distribution Relais Colis.

Samedi. Jour de l'anniversaire de l'amie.
Le 16 novembre à 11h44 : votre colis a mal été dirigé. Le délai de livraison pourra être rallongé. Arg. Nous ne saurons pas si le livreur n'a pas su déchiffrer l'adresse ou s' il n'a pas pu s'acquitter d'une charge de livraisons irréalisable ou s'il a préféré le laisser où ça l'arrangeait. 15h02 : votre colis a été re-dirigé vers un autre Relais Colis. Nous nous faisons une raison. Le temps du week-end, le cadeau dormira dans la pénombre d'un entrepôt ou d'une camionnette de location.

Lundi.
Le 18 novembre à 15h15 : votre colis est en cours de livraison dans votre Relais Colis. Notre ? Euh. Pas celui qu'on avait choisi, le point d'accueil marchandise à côté de chez Mireille. Mais une autre échoppe, à quelques pâtés d'immeubles du point de départ. Soupir.

"Prend-on la vie autrement que par les épines ?" écrivait René Char.

Comme je me fais ici souvent le chantre du verre à moitié plein, je cherche une issue sans aigreur, sans lamentation. Je propose à mon homme d'appeler notre amie pour l'inviter à venir jusqu'à nous. Nous irons la chercher au métro Cinq Avenues, nous cheminerons bras dessus bras dessous jusqu'à la boutique que nous n'avons pas choisie, nous l'emmènerons ensuite au Monsieur Madame Café siroter un chocolat chaud ou une bière ou un pastaga selon l'heure, les coudes sur une table en formica, les fesses sur des tabourets en moumoute orange, le regard attiré par l'affiche Myriam qui promet d'enlever le bas ou par les bibelots à l'effigie d'E.T., l'extra-terrestre. Et nous trinquerons à l'incurie de Relais Colis qui a permis que nous nous retrouvions physiquement.


* mot valise québécois mêlant divulguer et gâcher pour remplacer spoiler
----

Pour aller plus loin (et dans le désordre) :
⇨ Zette and the City qui revient à pas de velours dans la blogosphère : Pour Noël, on veut du vieux, mais avec du neuf !
HOP : halte à l'obsolescence programmée.
⇨ Le billet Quand mon primeur joue au facteur racontait avec bonheur et naïveté le rapport privilégié que nous entretenons avec Joëlle et Joseph.
⇨ Ce qui se passe quand vous vous faites livrer un colis en point relais : l'article de Slate.
⇨ Mireille, c'est la "gentille dame" en fin du billet Voisin, voisine, pas tranquilles.



10 commentaires:

  1. Il faut y voir une volonté de la part du transporteur de vouloir relier les hommes entre eux, qu'Internet, bien que se vantant de les rapprocher, les tient à bonne distance les uns des autres. Si, il faut la voir, cette volonté :)

    RépondreSupprimer
  2. Quel pur moment de chaleur humaine !
    En fin de compte, Mireille a sans doute apprécié de découvrir ces tabourets à moumoute orange...
    Cela doit valoir le détour et un beau moment d'amitié.
    Belle journée, Laurent !
    Bisous de Bruxelles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le colis est encore dans le "mauvais" relais. Il a passé plus de temps dans l'entrepôt ou la camionnette que prévu. Nous inviterons Mireille dans ce café kitsch dans la semaine et lui ferons découvrir son décor... chargé ^^
      Bises de Marseille.

      Supprimer
  3. ah les galères qu'on peut se payer ( en plus des frais d'envoi) avec les relais divers et variés et colissimo et cie récemment encore je m'en suis payé une bonne avec UPS, qui n'est plus ce que c'était il y a quelques années avec maintenant les sous--livreurs des livreurs
    grosses bises ma poule pour vous 2

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est de pire en pire, je trouve. Et comme le service est anonyme, impossible de tomber sur un interlocuteur. En admettant que ce soit le livreur le fautif, personne ne lui demandera le pourquoi du comment. Quand tu penses que le colis est parti d'un relais en bas de chez moi pour revenir dans un relais à 2 pâtés d'immeubles, loin de la destinataire. Pfff.

      On veut du pratique et surtout du pas cher, les sociétés censées fournir du service et de la qualité cherchent le profit à tout prix. Qui trinque ? Le consommateur, et les livreurs. Tout le monde est perdant, sauf Relais Colis, Amazon et consorts qui n'ont pas oublié de se gaver.

      Gros bisous à vous 2 :-)

      Supprimer
  4. On a pas idée aussi !
    C'était pas plus simple de se retrouver directement au bistrot, avec l'amie Mireille ?
    J'sais pas, moi, à l'Estaque, avec une assiette de panisses, et une bière fraîche pour faire descendre ?
    Pfff ... Quels veinards vous êtes, tous, d'habiter dans MA ville de cœur...
    Au prochain coup, vous m'invitez ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'idée, c'était qu'elle reçoive le colis à côté de chez elle le jour de son anniversaire, alors que de notre côté, nous travaillions.
      La dernière fois que je suis allé à l'Estaque, les cabanes à Chichis et panisses étaient toutes fermées :(
      Quand tu es marseillais, fais signe et nous irons boire un petit jaune !

      Supprimer
  5. Lundi 25 novembre le colis pour Mireille est il enfin arrivé dans le bon relais 😉 tiens nous au courant il faut que nous connaissions la fin du voyage de ton petit paquet😉 bel après midi 😘

    RépondreSupprimer
  6. Oups ! Mon commentaire a pris la fuite, si ça se trouve il court après le gentil petit paquet de Mireille. En ce 25 novembre, est ce que le cadeau d'anniversaire est arrivé à bon port 😉 Tiens nous au courant. Voilà encore une enquête pour Kimberley 🤭 bel après midi 😘

    RépondreSupprimer

Un commentaire, ce peut être un coucou, une amabilité, un point de vue divergent, un trait d'esprit, un signe de votre passage.

Pour celles et ceux qui n'osent pas (je ne mords pas) ou n'y parviennent pas, c'est tout simple :

1) Tapotez votre bonjour dans le formulaire de saisie ci-dessous
2) Sous Choisir une identité, cochez Nom/URL
3) Saisissez votre nom (ou pseudonyme ou si vous êtes timide le nom de votre cousine) après l'intitulé Nom
4) L'URL ne désigne pas l'Uto-Rhino-Laryngologie mais bien le lien d'un blog ou de n'importe quoi d'autre que vous jugerez bon d'accrocher à votre identité, la page Wikipedia de Sheila par exemple ; ou rien.
5) Cliquez sur Publier commentaire

Et le tour est joué. Elle est pas belle, la vie ?