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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

lundi

Véritables préludes flasques pour un chien


Une coccinelle en peluche s'est égarée sur le perron de l'immeuble

La coccinelle en peluche qui s'est égarée sur le perron de l'immeuble n'a rien à voir avec ce qui suit. Enfin, un peu quand même. Car elle a croisé mon chemin tout à l'heure, à la faveur de la courte promenade matinale de la petite Kimberley.

Troisième café de la journée. Dans la pièce qui fait office de bureau ou de chambre d'amis, j'écoute les Avant-dernières Pensées, œuvre pour piano d'Erik Satie en trois mouvements. J'ai pour me tenir compagnie, en vrac, le roman d'Adeline Dieudonné que je dévore, un cahier que je noircis de brouillons, des photos de famille, un flacon de gel hydro-alcoolique, une crème pour les mains, mon homme qui télé-travaille dans le salon, un papillon jaune qui danse sur l'enveloppe remise par Shajan avant-hier. J'ai aussi, en ces temps agités, des questions sans réponses qui jouent aux auto-tamponneuses dans ma tête. Je les balaie d'un revers de main. La radio joue les 52 secondes des "Véritables Préludes flasques (pour un chien) : on joue". Comme un fait exprès, la petite Kimberley pousse la porte, elle s'ennuie, elle veut jouer.

On n'a pas d'enfant à la maison mais c'est tout comme.

— Tu veux jouer ?
— ... (couplet canin exprimant la joie)
— Va chercher Vavache !

Elle galope jusqu'au coffre d'où jaillissent autant de jouets que de semaines dans l'année et s'empare de Vavache. Course poursuite autour de la table basse. Je lui subtilise la peluche et la jette à l'autre bout de l'appartement, elle l'attrape à la volée et trottine jusqu'à moi pour que je ferraille avec elle, la lui arrache, la fasse de nouveau valser.

Elle ignore tout des modalités du télétravail ou du chômage de ses maîtres. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle nous a à demeure, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.


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* Erik Satie a composé un morceau qui est étonnamment de circonstance : Véritables Préludes flasques pour un chien : Seul à la maison. Seul à la maison :)
* Le journal de bord dans sa continuité → Journal tendre d'un confiné

4 commentaires:

  1. J’avoue être une buse en musique classique mais être totalement fan de Kimberley.
    Je n’ai rien lu depuis le début du confinement.
    J’ai le livre 2 de Bug d’Enki Bilal à finir et ensuite celui de Titiou Lecoq sur Balzac. Je n’y arrive pas...

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    1. J'avais un peu perdu l'assiduité à lire. Je m'y suis remis assez récemment. Mais avec tout ce qui nous déconcentre ou plutôt, ce que nous abandonnons de concentration aux outils (RS, etc), c'est pour moi un effort, une gymnastique à laquelle j'essaie de ne pas déroger. Mais tu as moins de temps à consacrer à la lecture : tu télétravailles. Moi, je chôme-partiel. Quant à Kimberley, je m'amuse régulièrement à lui dire : tu te rends compte !? tu es uns star sur les réseaux sociaux <3

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  2. En effet, mon commentaire d'hier n'y est pas.
    Je disais donc qu'en te lisant j'avais eu confirmation que mon intuition, lors de mon tweet, était la bonne :) Et j'ajoutais que le locataire de Montmartre aurait fort probablement goûté à sa manière la période actuelle...

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    1. Oh ça oui. Ionesco, Beckett, et tant d'autres aussi. Une période source de réflexion !

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