Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mardi

Une petite souris grise


À propos de rongeur. Si j'avais été paresseux, je vous aurais redonné le billet Kiki et les Tic-Tac écrit pendant le confinement. Je joue pourtant le jeu et fais aujourd'hui des phrases avec sujets, verbes et compléments autour du mot "rongeur". C'est bête comme chou, ce que je vais écrire. Ça ne casse pas trois pattes à un canard. Et pourtant, ce sont des petites choses qui sont un monde, pour moi. 

Quand j'étais enfant, le jeu qui consistait à arracher les ailes des mouches ou écrabouiller les insectes m'horrifiait. Je nourrissais secrètement le rêve qu'on inflige à mes camarades le même traitement — qu'on les écartèle, qu'on les ébouillante vivants. Attention, je ne suis pas dénué de contradictions. Soyons honnêtes, je m'alimente de produits issus d'abattoirs et j'ai presque honte de l'écrire. Ou plutôt j'y pense puis j'oublie. Je me dédouane à bon compte (c'est mieux que rien) en donnant de l'argent à L214. Bref. Je sauve modestement ce que je peux sauver (hormis les apparences). Un grillon égaré que je rends à sa verdure. Une araignée à qui j'épargne le passage de l'aspirateur. Un pas de côté pour ne pas écraser un coléoptère. C'est dérisoire, me direz-vous. Mais une heure voire une journée de vie supplémentaire, c'est énorme en temps d'araignée, de papillon, de fourmi. Saviez-vous qu'une coccinelle à sept points peut déployer ses élytres et semer l'émerveillement pendant deux ans ?

Revenons au rongeur*. 

Je suis au boulot. À ma gauche surgit une souris grise qui écarquille ses petits yeux effrayés, se fige sur le capot de l'imprimante. À ma droite, ma collègue qui n'a rien vu. Elle pourrait hurler ou s'insurger contre ma tentative de sauvetage. Je détourne son attention et l'envoie chercher un dossier aussi loin que possible, à l'opposé du rongeur qui n'a pas bougé un orteil. Nous nous regardons droit dans les yeux. A-t-elle compris que je lui laissais la vie sauve ?

— ... (couinement perplexe)
— File donc, petite souris !
— ... (couinement reconnaissant)

Pfffiiiiouuuu elle se carapate sans demander son reste. Ma collègue revient bredouille :

— Y a pas de dossier Truc sur l'étagère Machin !


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4 commentaires:

  1. Bonjour
    On dirait moi !!!
    J'ai la même attitude (sauf pour les moustiques)

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    1. Je ne vais pas moi non plus laisser les moustiques prospérer et sucer mon sang, suis maso mais y a des limites. Pas plus que je vais épargner les pauvres mites alimentaires que je préfère chez les autres plutôt que dans mes paquets de farine.

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  2. Hier il y a avait une souris dans mon bureau mais je n'y étais pas ! de toute façon je ne pourrais jamais tuer une souris, c'est gros quand même ;)

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