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Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

dimanche

Le chien au camélia

 

Dans le hall d'entrée de l'immeuble, sous les boîtes aux lettres s'amoncellent les tracts de supermarchés, les prospectus de cahutes à pizzas, les bouts de papier promettant la lune aux crédules, la chance aux jeux d'argent, le retour de l'être aimé, l'allongement de l'espérance de vie et du zizi. Tout ce papier fabriqué pour la poubelle se dispute une place avec les offrandes de la voisine Mystère. Quand ce ne sont pas des mini cocottes de couleur, des nougats dans une coupelle, ce sont des romans à l'eau de rose, des cahiers d'écolier ou, ce matin, le Camélia de ma mère, douce évocation horticole d'Alain Baraton. 

Que j'ai donc chipé et lu ce matin, sous le soleil généreux d'un début mars, café à portée de main, à l'horizontale dans le canapé, en compagnie du chien qui taquine du museau une fleur du camélia à quelques mètres de là. 

Une autre offrande, celle-là. D'une amitié aussi furtive que le passage de la comète Haley. Allez !

La dame au camélia ou la dame aux assiettes. Ma moitié l'a dépannée informatiquement. Elle lui a offert un carton d'assiettes Ikea. Il n'a pas dit non, ça dépanne. Puis un camélia chétif qu'elle destinait à la poubelle.

— J'en veux pas, il va crever, tu le prends. 

Trois ans plus tard, l'amitié a fait pschitt. Le camélia, en revanche, se porte comme un charme.

Je n'ai pas de chute à ce billet. Je vous laisse alors avec la formule détournée que m'a apprise Josette, l'utilisatrice qui, pendant que je prends la main sur son poste, fredonne :

Un, deux, trois*

Ma politique à moi 

C'est d'être aimée de toi 

Et chanter la, la, la, la, la, la, la 

Au terme d'un long et savoureux bavardage, elle lance, goguenarde :

— Bon, il n'est de bonne compagnie qui ne se cuite !


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* Chanson interprétée par Catherine Ferry pour l'Eurovision en 1976. Amusez-vous à reconnaître l'un des choristes dans la vidéo !

4 commentaires:

  1. Chouette la photo...
    Un chanteur qui s'appelle Henri...
    Bonne soirée

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    Réponses
    1. Le choriste tout à gauche s'appelle Daniel :) bonne soirée itou :)

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  2. Laurent,
    Tu as sauvé un camélia et le monde est plus beau...
    Merci pour ce billet plein de vie profonde.
    Bisous bruxellois,
    Ben

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    Réponses
    1. C'est plutôt ma moitié qui a sauvé le camélia 😉 Je n'ai aucun mérite. Bonne semaine à toi, Ben

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