Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

lundi

Les gens-moutons et le fond de teint de la demoiselle dans ta face



Paris.
Quand j'habitais la capitale.

Pourquoi les gens-moutons ne bougent-ils pas du train qu’on a annoncé avec une avarie ? Avarie causant l’arrêt pur et simple de la circulation sur la ligne 13 du métro dans la direction de chez moi1. Pendant une bonne vingtaine de minutes. N’ont pas pour habitude de patienter tant de temps sans provoquer une émeute, les gens. Étrange. Je change d’itinéraire comme me le propose la suave voix de la RATP. Certes pressé de rentrer pénétrer mes charentaises, je voyage dans mes pensées et me dis que je suis heureux d’être vivant. D’avoir solutionné le problème de baignoire des clients de la chambre 103 en subtilisant la bonde de la baignoire de la chambre 205 où les clients n’auront qu’à prendre une douche, c’est comme ça et pas autrement. La direction de l’hôtel quatre étoiles à deux pas des Champs-Élysées où je passe mes journées par pur masochisme n’a qu’à songer à s’équiper de bouchons de baignoire. Je poursuis. Heureux d’être vivant et d’avoir pu inviter hier soir une amie dans un célèbre cabaret parisien, boire Bordeaux, Champagne, eau de source, manger foie gras de canard et sa gelée au Pineau des Charentes, chateaubriant et sa timbale de gratin dauphinois et caetera tout en applaudissant des seins de femmes et des fesses d’hommes et nous émerveillant des airs parisiens dégoulinants de clichés. Nous étions aux premières loges. Et gratuitement (je m'étais honteusement fait inviter). Je riais (intérieurement) en voyant le serveur qu’on avait forcé à gesticuler et à chanter en playback, mais très mal, forcément, c’est pas son métier. On tentait de le dissimuler en le posant tout en haut à droite sur la dernière marche du podium, le plus loin possible de l’œil critique. Mais évidemment, je ne voyais que lui. Qui dansait et chantait mécaniquement, le regard hébété. Dans son costume de vrai serveur qu’il exerçait pour de vrai, en dehors des numéros de cabaret où on l'avait cordialement invité à faire de la figuration, il rêvait. Peut-être. Et ce soir, sur mon nouvel itinéraire, sur la ligne 4 du métro, une voix féminine m'arrache à ma rêverie : « Je vais lui offrir des cheveux à celui-là. » J’ignorais qu’elle parlait de moi à son amie. Et, machinalement, je réponds : « Avec la fortune que coûte le fond de teint que vous mettez à la pelle, je pourrais m’acheter des implants. Mais non merci. »

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1quand j'habitais la capitale. (Billet rhabillé pour l'hiver 2018 par votre dévoué serviteur)

3 commentaires:

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